Les trois cinémas moulinois, le Palace, avenue Théodore-de-Banville, le Colisée, cours Anatole-France, et l’Artistic, place Garibaldi projettent des films pour tous les publics avec changement de programme chaque semaine. A l’affiche en ce mois de décembre 1950, des films récents pour certains :
A l’Artistic :
Cagliostro d’Orson Welles, Le Pain des pauvres de Luigi Capuano, Millionnaires d’un jour d’André Hunebelle, Tête blonde de Maurice Cam, Ronde de nuit de François Campaux et la Souricière d’Henri Calef.
Au Colisée :
La patronne de Robert Dhéry, Le manoir de la haine de Joseph H. Lewis, Minne l’ingénue libertine de Jacqueline Audry, Mademoiselle Josette, ma femme d’André Berthomieu.
Au Palace :
La porteuse de pain de Maurice Cloche, Plus de vacances pour le Bon Dieu de Robert Vernay, Nous irons à Paris de Jean Boyer, La Marie du port de Marcel Carné.
Et voici qu’un quatrième cinéma, le Rex, rue du Progrès, est inauguré le vendredi 15 décembre à 21 heures après une transformation complète de la salle grâce à la société du Clos saint-Joseph de Nevers et sous la direction d’un jeune architecte de Nevers, monsieur Georges. Le préfet, Henry Castaing, et l’évêque de Moulins, Georges Jacquin, sont les invités d’honneur. Les ouvriers du chantier ont été conviés aux côtés des autres spectateurs qui, eux, doivent présenter une carte d’invitation.
Un documentaire sur la Charente et les actualités dont quelques extraits du combat de boxe Ray « Sugar » Robinson-Van Dam* entament la soirée. Après l’entracte, est diffusé le film « Dieu a besoin des Hommes** », grand prix du festival international de Venise de 1950.
Le Rex n’est vraiment ouvert que le 30 décembre après les finitions retardées par le froid. Le grand public apprécie le confort des fauteuils et le chauffage de la salle. Le matériel de projection est perfectionné et la programmation suivra les sorties cinématographiques parisiennes au plus près comme Captive à Bornéo de Jean Négulesco, Ma Pomme de Marc-Gilbert Sauvageon.
D’autres distractions s’échelonnent tout au long du mois et il y en a vraiment pour tous les goûts à commencer par le programme du théâtre municipal avec des amateurs moulinois reconnus et des professionnels parisiens de premier ordre :
« Prix Nobel », pièce écrite par un ancien prisonnier de guerre et jouée par la Rampe moulinoise, mise en scène de Marcel Despérier, avec Messieurs Allègre, Roy, Philippe Vérillaud, Boisselet, Gonin, Despérier, Bathelet, de Monpanson, Madame Lorm et Mlle Magne.
« Tous de la revue » de la tournée Franck et Jacquet.
Deuxième centenaire de Jean-Sébastien Bach fêté par les Amis de la musique avec un orchestre de 120 musiciens et la participation d’Hélène Bouvier de l’Opéra de Paris, Madame Mainory-Marseillac, messieurs Paul Berthier à l’orgue et au clavecin, Paul Derenne et Jean Hazart.
La Mascotte par le Groupe lyrique de Paris avec Jehanne Lulli, Nadia Zangel, les comiques André Genin et Pierre Calvez (baryton et ténor), Michel Nuibo et Christian Dany pour ne citer qu’eux. L’orchestre est dirigé par monsieur Haudrich.
Toutefois, la danse reste la reine des festivités comme en attestent les six rendez-vous annoncés avec enthousiasme dans la presse :
Nuit de la danse à la salle Terminus (rue Philippe Thomas à quelques pas de la gare) organisée par la commune libre du « village nègre » (actuel quartier des Mariniers).
Bal de l’école normale, rue du Progrès, sous le haut patronage de l’inspecteur d’académie.
Grand bal de l’association touristique des cheminots au Terminus avec l’orchestre Florio Rossi composé de musiciens moulinois accompagnés par le pianiste Alobaz et Marius Berthenet, virtuose du saxo et de la flûte.
Grand bal annuel du comité d’entreprise de l’usine Bardet, salle Terminus.
Bal de l’A.S.M., connu sous le nom de « nuit du football » dans les grands salons de l’hôtel de l’Allier (place d’Allier) avec l’un des meilleurs orchestres du Centre.
Bal annuel de la Croix-Rouge dans les salons de l’hôtel de Paris animé par l’orchestre Fabrice Ramon de l’Alhambra de Vichy (bénéfice reversé aux œuvres humanitaires de l’association et en soutien aux familles des mineurs de Bert au chômage).
Le point d’orgue est le réveillon du 31 décembre organisé par le comité des fêtes des Bataillots à la salle Terminus présenté comme la grande soirée dansante du 31 décembre avec l’orchestre Caton et ses boys.
L’après-midi du même jour, le Rassemblement du Peuple Français (R.P.F.) occupe la grande salle de l’Université populaire, rue Diderot, où se tient son arbre de Noël. Un goûter et des cadeaux sont offerts aux enfants des compagnons qui, eux, peuvent profiter du buffet et de la buvette.
Les lumières des lustres, des sapins, les flonflons, le champagne, les buffets bien garnis, les rires, les exclamations, les vœux pour 1951 atténuent les rigueurs de l’hiver et peut-être les rigueurs de toute une année pour certains.
Louis Delallier
*Robinson, l’Américain, a battu Van Dam, le Hollandais, par K.O. au 4e round le 13 décembre 1950 à Bruxelles.
** En 1850, les habitants de l’île de Sein, miséreux et affamés, se mettent à piller des épaves. Le curé de l'île, en total désaccord avec eux, regagne le continent. Il est remplacé par Thomas Gourvennec, pêcheur et sacristain. Réalisation Jean Delannoy avec Pierre Fresnay, Madeleine Robinson, Daniel Gélin et Jean Carmet.