Antoine Coulon, alias Boquillon, était un « type » moulinois.
D'abord propriétaire dans les environs de Gannat, il devient postillon et charretier à la suite d'une mauvaise gestion de ses biens. Dans les années 1880, à plus de 60 ans, il se met à colporter la Lanterne de Boquillon* d'où son surnom qu'il revendique d'ailleurs avec une certaine fierté. Il possède un vrai talent de bonimenteur et sait amuser la gent féminine rencontrée dans les rues tout comme les consommateurs attablés dans les cafés de la place d'Allier.
Parallèlement à la vente de journaux, il fait commerce de pièces d'or de 100 francs qu'il revend avec une marge de 3 à 5 francs. La chance lui vaut de ne jamais avoir été délesté des valeurs qu'il transporte parfois en nombre dans son quartier à la réputation laissant à désirer.
En août 1891, la rumeur court dans Moulins qu’il s’est pendu ! Un journaliste prudent du Courrier de l’Allier qui prend le temps nécessaire pour s’en assurer peut la démentir dans les colonnes de son journal. Le père Coulon va bien. Il s’est seulement absenté une journée pour conduire des moutons à Neuilly-le-Réal où il a dîné et dormi avant de rentrer rue de Pont où l’attendent ses journaux. Il apparaît qu’une confusion s’est produite entre les mots « perdu » et « pendu »…
A la fin du mois d'août 1895, il interpelle un journaliste du Courrier de l'Allier pour lui signaler un oubli de taille qui est réparé le 30 du même mois dans les colonnes du journal. Le père Boquillon a fait partie des manifestants en faveur du président Félix Faure lors de sa visite à Moulins. Il tient à faire savoir qu’il a crié tout au long de l'avenue de la gare et du boulevard de Courtais « Vive Faure ! vive l’ami du peuple ! ».
Il meurt le 16 février 1900 chez lui rue du Porteau à l’âge de 80 ans. Il était marié à Marie Crochet et avait au moins une fille, Marie, âgée alors de 40 ans.
Louis Delallier
*Fondée en 1868 (seulement quelque mois après La Lanterne d'Henri Rochefort) par Pierre-François Humbert, dit Albert. Celui-ci utilise un personnage imaginaire et vulgaire, le soldat Boquillon, pour aborder sans censure les questions politiques et sociales. Humbert, partisan de la république, dénonce les forces conservatrices au pouvoir. Après sa mort en 1886, La Lanterne de Boquillon est reprise par Emile Cohl et Georges Coutan et paraît jusqu'en 1926.
Extrait d'une conversation de Boquillon auquel est prêté un langage argotique, naïf et enrichi de néologismes : « Voici une nouvelle épastrouillante annoncée dans une gazette monarchitrouilleuse, »