« C’était mieux avant » entend-on dire régulièrement et avec conviction. « Jamais une époque n’a connu autant de délinquance que la nôtre » se lamente-t-on. Vraiment ?
Début mai 1898, pendant que les musiciens de l’école d’artillerie donnent un concert en soirée, cinq enfants entrent dans le marché couvert pour piller la charrette d’un marchand forain. Ils sont âgés de 12, 11, 10, 9 et 7 ans.
En janvier 1899, des noctambules cassent les verres des lanternes à gaz de l’avenue Nationale, du boulevard du Champbonnet et de l’avenue d’Orvilliers ainsi que la boule de verre, enseigne du magasin Foutrier, coiffeur, place de la gare. Pour faire bonne mesure, ils profitent de leur déambulation pour déterrer des arbustes aux terrasses des cafés qu’ils laissent sur la chaussée. Les omnibus qui assurent le service des trains de nuit les évitent de justesse.
A la fin juin 1901, des petits malins jettent du poil à gratter sur un grand nombre de femmes ou jeunes filles qui assistent au concert de la Lyre moulinoise. Ils prennent la poudre d’escampette aussitôt sans pouvoir profiter du résultat de leur bêtise.
Mars 1902, on retrouve des fêtards qui cassent, à plusieurs reprises, les vitres des réverbères. La compagnie du gaz qui en a assez de les remplacer porte plainte. Les six jeunes ouvriers responsables sont verbalisés. Ils devront en outre très probablement s’acquitter des 100 francs de réparation.
Dans la nuit du mardi 9 au mercredi 10 janvier 1906, une bande parcourt les quartiers de Foulet, Bardon, des Épinettes et de la route de Lyon où ils détériorent des poignées de porte, des sonnettes. A Foulet, ils parviennent à arracher une borne chasse-roues placée à l’angle d’un chemin et aux Epinettes, ils cassent de jeunes arbres avant de les jeter dans les jardins avoisinants.
A la fin du mois de mars suivant, les mêmes ou des émules abîment poignées de sonnettes, boutons de sonneries électriques dans presque toutes les maisons des rues Paul-Bert, Bertin et Bourau-Frères (actuelle rue du 8-Mai).
En fin d’après-midi d’une belle journée d’août 1908, au moment de la sortie des ateliers et des bureaux, plusieurs gamins sèment de gros clous dans la rue Jean-Jacques Rousseau et l’avenue Nationale avec comme bonne raison d’assister à des crevaisons de pneus de vélos. Et ça marchera. Là encore, c’est un acte qui restera impuni.
Cette fois, c’est avec du matériel qu’un garçon coiffeur et un ouvrier fourreur de 18 ans (les seuls à avoir été interpellés et verbalisés), domiciliés rue du Pont-Ginguet, nuisent à leurs contemporains. Ils font exploser des bombes japonaises, sorte de gros pétards, la nuit au cours du mois d’octobre 1909, dans les rue de Refembre, du Pont Ginguet et sur les places de la République et Achille-Roche.
Vers la mi-février 1912, quatre militaires du 13e escadron du train sont identifiés après la détérioration ou l’extinction d’une quinzaine de lanternes à gaz des rues Régemortes, de la Fraternité, de Paris, de la place aux Foires (actuelle place Jean-Moulin) et à la Madeleine.
En août 1916, des femmes qui rentrent de leur travail à l’atelier de chargement, la nuit, sont suivies, voire poursuivies. Le directeur de l’atelier en informe la police qui met en place une surveillance à la descente du tramway que les ouvrières empruntent pour se rapprocher de leurs domiciles. Vers 2 heures du matin le 5, le sous-brigadier Guillaumin remarque deux femmes un peu trop empêtrées dans leurs robes avenue d’Orvilliers. Il ne faut pas longtemps pour confirmer qu’il s’agit de jeunes hommes travesties pour faire peur. Compte tenu des excuses présentées, le commissaire de police se contente d’un rappel à l’ordre. Une semaine plus tard, des inscriptions « On va faire sauter le tramway » sont découvertes sur les murs. Aucun rapport n’est établi entre les deux faits.
Pour encadrer chronologiquement cette sélection de faits divers, voici ce qu’il s’est passé le dernier samedi du mois de septembre 1870, vers 22 heures. Des militaires de passage à Moulins s’en prennent au maître d’hôtel de l’hôtel du chemin de fer à qui ils reprochent le prix trop élevé d’une bouteille de vin rouge ordinaire. Des témoins de la scène les approuvent et se joignent à eux pour dévaster une partie de l’établissement : verres, glaces, billard et devanture sont brisés. La police arrive trop tard. Il ne lui reste qu’à disperser les personnes qui se sont attroupées. L’hôtel devra fermer quelque temps.
Et, le 1er décembre 1945, une bande enlève des plaques d’égout rue d’Allier et endommage les installations sanitaires des WC souterrains à côté du théâtre. Un seul vandale est pris en flagrant délit et sera condamné.
Louis Delallier