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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

L’école professionnelle Henri Mathé à Yzeure et l’exposition universelle de 1900

Publié le 16 Octobre 2022 par Louisdelallier

Photo Louis Delallier

Photo Louis Delallier

L’école professionnelle et ménagère des pupilles de la Seine, située dans les locaux de l’actuel lycée Jean-Monnet, accueille à partir du 1er septembre 1889 (et jusqu’en 1919), en plus de l’école de réforme destinée à éduquer les plus rebelles*, des jeunes filles assistées et moralement abandonnées.

C’est Henri Mathé, moulinois et frère du député bourbonnais Félix Mathé, qui est à l’origine de cette institution créée par le Conseil général de la Seine dont il fut président**.

L’école reçoit les jeunes élèves de 10 à 14 ans (dans la limite de 300) proposées par les directeurs d’agence de l’Assistance publique. Elles doivent se signaler par leur intelligence et être jugées aptes à suivre les cours. Une admission provisoire permet de ne garder que celles dont le comportement et les résultats justifient la « faveur qui leur est accordée ».

Il est précisé dans certains discours officiels qu’on ne promet pas le Ciel aux pensionnaires, mais qu’on s’efforce de leur apprendre une profession grâce à laquelle elles gagneront honorablement leur vie.

En 1910, l’établissement, dirigé par Madame de Feuardent, fonctionne à plein régime : atelier préparatoire de couture (50 élèves), lingerie (80 élèves), broderie (22 élèves), confection (54 élèves), corsets (50 élèves), repassage (9 élèves), ménage et buanderie (18 élèves) et cuisine (15 élèves).

Les institutrices, Mesdemoiselles Couraud, Lapierre, Surleau, Colin, Leclanché et Mouthiez travaillent aux côtés de mesdames Braggio et Nouhalier,  Mesdemoiselles Arnaud et Boucher, maîtresses d’atelier, de Madame Béraud, professeur de chant, Madame Fournier des Corats, professeur de dessin, Madame Noiset, maîtresse de repassage, Mesdames Four, lingère, Chassat, buandière et Boutry maîtresse-cuisinière.

L’exposition universelle constitue un évènement au retentissement exceptionnel à côté duquel il est difficile de passer. L’équipe enseignante décide donc d’atteler les jeunes filles à la préparation d’ouvrages qui viendront grossir la multitude et la variété de candidatures à un éventuel prix, voire une médaille. Les travaux ci-dessous (extraits de la liste parue dans le Radical de l’Allier du 10 avril 1900) remporteront un grand prix de l’exposition.

Atelier de lingerie, professeur Madame Braggio :

Robe d’enfant en nansouk (toile de coton légère d'aspect soyeux) brodé par Camille Constant

Jupon pour costume en nansouk incrusté et brodé par Angèle Mérici

Drap en dentelle Renaissance par Henriette Demanchot

Coussin de tête en batiste incrustée et brodée par Clarisse Bourré

Pantalon en batiste, petits plus, entre-deux par Jeanne Schwab

Chemise de jour en batiste incrustée dentelle par Alice Vandervoort 

 

Atelier de confection, professeur Mlle Boucher :

Robe de satin vert Liberty (tissu très léger aux imprimés fleuris) brodée, confectionnée par Eugénie Bourdy, et brodée par Régina Klerck, Rachel Mougin, Sylvie André, Justine Monot, Marie Pannetier, et Louise Bel

Tailleur drap châtaigne avec devant broderie Louis XV, confectionnée par Léontine Brément brodé par Jeanne Kauffman, et Jeanne Pietri

Déshabillé surah jaune (étoffe de soie croisée, légère et souple), garniture Chantilly noir par Marguerite Debiffe

Robe d’enfant Liberty vieux rose par Marguerite Mallet

Jupon broché vert Nil et rose, garniture mousseline soie et incrustation Bruges, corset assorti confectionnés par Joséphine Rochefort - corsetières Clémence Dauprépuich et Marguerite Desrichs

 

Atelier de broderie, professeur Mlle Arnaud :

Ecran en satin blanc, broderie point remordu (roses et coreopsis) avec monogramme d’Yzeure   par Rachel Mouguin et Louise Bel

Panneau de tapisserie (point des Gobelins et petit point) par Amélia Feller, Maria Chemin, Jeanne Darbard et Fernande Westein

Coussin broderie rococo par Sylvie André et Marthe Beaudoin

Coussin point de Hongrie par Angèle Deblais et Pauline Planchon

Chemin de table, moire ancienne, broderie pavots et épis par Louise Moreau et Eugénie Fradet

 

Atelier de corset, professeur Mme Nouhalier :

Corset étamine brochée mauve par Marguerite Desrichs et Berthe Clairment

Corset coutil broché par Jeanne Wezembeck

Corset fillette coutil broché par Louise Bureau et Jeanne Capiez

Ceinture Empire satin rose par Jeanne Capier

Ceinture orthopédique par Clémence Dauprémuich.

 

Louis Delallier

 

*Fondée le 7 juin 1887 et fermée en 1891

**Après le coup d’état du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte, il suit son oncle Antoine-Félix Mathé en exil jusqu’en 1858. Il devient conseiller municipal de Paris en 1874, conseiller général de la Seine et député radical socialiste de 1885 à 1893.

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