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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Un boulanger moulinois regretté

Publié le 2 Juillet 2023 par Louisdelallier in Portraits

Un boulanger moulinois regretté

Les obsèques d’une personnalité moulinoise se déroulent le jeudi 16 juillet 1896, au Sacré-Cœur, tout près de son commerce et de son domicile au n° 10 de la place d’Allier. Ensuite, la foule, on parle de 800 personnes, se déplace au cimetière de la rue de Paris pour un dernier hommage.

L’homme qui vient de mourir, à l’âge de 64 ans, est Jean Noël, boulanger, qui avait su se faire une place professionnelle reconnue à la fois par ses clients et ses collègues. Président fondateur de la chambre syndicale de la boulangerie* de l’Allier, membre du syndicat général de la boulangerie française, il n’a jamais cessé de défendre la liberté de son métier et de ceux qui l’exercent. Jean Noël contribue énergiquement à la mise sur pied du premier congrès de la boulangerie de juin 1884. Il est réélu aux congrès nationaux de 1889 et 1894 et il est l’un des neuf boulangers désignés pour faire partie du conseil général permanent de la corporation. Il s’est notamment attiré l’estime de ses confrères en obtenant de haute lutte la suppression de la taxe sur le pain à Moulins. Conformément à la loi de 1791, cette taxe était votée par les municipalités.

En 1887, il subit une épreuve judiciaire pénible après qu’un représentant de l’autorité empressé l’accuse de tromper sa clientèle. On raconte que Monsieur Noël s’est présenté à l’audience au tribunal correctionnel le front haut, sûr de son honnêteté. Il est acquitté en même temps que les autres boulangers moulinois pris dans la tourmente.

Il sera élu au premier conseil des prud’hommes moulinois en novembre 1900.

Au cimetière, le discours d’A. Balandreau, avocat à la Cour d’appel de Paris, conseil de la boulangerie française, n’est qu’éloge d’un bout à l’autre. Non seulement Jean Noël était un militant des droits des boulangers, mais il était aussi souriant, bon, serviable et très préoccupé de l’infortune d’autrui au point d’avoir à peine gagné de quoi assurer le sort de sa famille. Son fils Louis assure la succession professionnelle avec sa boulangerie de la rue de Lyon.

Jean Noël présente une particularité, encore insoupçonnée à cette époque, qui est d’être l’arrière-grand-père de Pierre Étienne-Noël, notre érudit local, figure moulinoise bien connue sous le surnom de Lapin vert (voir mon article à sa mort en décembre 2016).

 

Louis Delallier

 

*Les boulangers, nombreux et modestes pour la plupart, ne se sont regroupés qu’en 1884 grâce à un premier congrès national à Paris du 24 au 28 juin regroupant plusieurs centaines d’artisans. Le but poursuivi est d’unir les structures syndicales locales existantes afin de provoquer un vaste mouvement pour parvenir à abroger la taxation du pain appliquée diversement par les maires. Le 2e congrès national de la Boulangerie a lieu en 1889. Les statuts d’un Syndicat Général de la Boulangerie Française y sont adoptés.

Moulins compte 45 boulangeries en 1882, 44 encore en 1910 contre une petite quinzaine en 2023.

 

 

 

 

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