Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Animaux voraces

Publié le 18 Février 2024 par Louisdelallier in Animaux

Place de l'Ancien-Palais

Place de l'Ancien-Palais

Avenue Nationale (actuelle avenue Général-Leclerc), mercredi 26 août 1908, vers 9 heures.

Une brouette de boulanger, stationnée le long du trottoir, contient une panière pleine de pains longs tout juste sortis du four. A environ 10 mètres de là, un cheval attend placidement son propriétaire. Il ne lui faut pas longtemps pour renifler la bonne odeur du pain chaud. Et il ne lui faut pas beaucoup plus longtemps pour s’approcher jusqu’à avoir la tête au-dessus de cette nourriture tellement tentante. Quelques secondes après, il mâche avec bonheur un jocko* de deux livres, encouragé dans sa gourmandise par un plâtrier juché sur un échafaudage : encore un !

Comme s’il n’attendait que ça, le cheval en attrape un deuxième, puis un troisième au moment où la boulangère arrive à la rescousse de son chargement. Elle administre une tape sur le flan de l’animal pour l’obliger à reculer. L’ouvrier qui ne perd pas une miette du spectacle s’écrie : c’est-y cruel tout de même de déranger une bête qui était si bien occupée !

 

Place de l’Ancien-Palais, mercredi 7 septembre 1910, 14 heures.

La population attend avec impatience le passage de l’avion de Charles Weymann** au-dessus de Moulins. Il tente de rallier Paris au Puy-de-Dôme pour relever le défi lancé par les frères Michelin. Loin de l’effervescence presque générale, un garçon boucher effectue ses livraisons en ville. Sur la place, il entame la conversation avec une jeune femme qui l’invite à entrer quelques instants chez elle. Sans doute un peu enivré par cette agréable rencontre, il laisse imprudemment son panier devant la porte.

A cette époque les chiens déambulent librement dans les rues, ce qu’il n’aurait pas dû oublier. En voici justement un qui flaire la bonne affaire, mais ne s’en empare pas tout de suite. Il passe et revient sur ses pas comme s’il avait hésité. Sa perplexité dure encore un peu. Puis, il comprend que sous la serviette immaculée se trouve un trésor à l’odeur alléchante. Il avale côtelettes de veau et mou avec appétit avant d’aller se reposer quelque part pour digérer son festin. Le garçon boucher en sera pour ses frais.

 

Louis Delallier

* En argot parisien du XIXe siècle, pain de forme allongée.

****Le pari sera réussi seulement en mars 1911 par Eugène Renaux et Albert Senouque (article en préparation).

Commenter cet article