Dans les premiers jours de juillet 1896, la commune d’Yzeure est fréquentée par un ours vu à plusieurs reprises vers Saint-Bonnet. Le jeudi 9 vers 23 heures, Madame Moreau, épicière, réveillée par des aboiements inhabituels de chiens, ouvre une fenêtre et se trouve nez à nez avec l’ours, les deux pattes posées sur le rebord de la fenêtre. Mme Moreau et l’ours, coursé par les chiens, s’enfuient chacun de son côté. La bête n’a jamais été revue. On a prétendu à tort qu’elle se serait échappée de la ménagerie Alexiano. Le mystère ne sera pas éclairci.
Il n’en sera pas de même en 1907. Le 29 juillet vers 21 heures, la nuit est tombée sur la rue Gambetta. Le voisinage est en émoi. On accourt jusqu’à la maison de Francis Sargueil, le miroitier du n°5 dont on observe la toiture de sa maison avec la plus grande attention. Là-haut, un personnage d’une grande agilité se déplace, escalade les cheminées en faisant tomber sur le trottoir des morceaux de tuiles cassées sous son poids. Un cambrioleur acrobate ? Un locataire de la mansarde sorti prendre le frais ? On ne distingue pas bien dans l’obscurité. Les supputations sont échangées dans un mélange de crainte et de curiosité ravie. Enfin, une proposition de bon sens émerge : appeler la police.
Les agents interviennent rapidement et grimpent dans les combles avec un flambeau suffisant pour éclairer le toit et découvrir, immobile près d’une cheminée, un singe apeuré par le remue-ménage !
L’animal est reconnu sur le champ. Il appartient à un habitant de la place de la Liberté. On comprend qu’il était parti pourchasser un chat sans craindre la hauteur. Son propriétaire pourrait être Auguste Sauvadet, colporteur, au 5 place de la Liberté.
Ce monsieur Sauvadet a, semble-t-il, des liens « privilégiés » avec les animaux sauvages. Pêcheur et chasseur passionné, il a, au début du mois de décembre 1905, fait l’objet d’un long entrefilet dans le Courrier de l’Allier. Y était relaté son coup de fusil de maître quelques jours avant vers 17 heures dans la semi-obscurité. Occupé sur le bord de l’Allier du côté de Prends-y-Garde, au sud de Moulins sur la commune de Bressolles, à attendre que le poisson morde, il entend taper dans l’eau et voit une silhouette noire et large. Comme son fusil faisait partie de son équipement même pour la pêche, il épaule, tire et abat ce qui s’avèrera être un sanglier d’au moins 70 kg. Avec l’aide du tailleur Thomas, pêchant à quelques dizaines de pas, il sort la bête de la rivière et la rapporte chez lui pour de futurs repas.
Louis Delallier