Ce matin du vendredi 24 avril 1925, on s’étonne et s’amuse à la rédaction du Courrier de l’Allier. Deux exemplaires du Progrès de l’Allier viennent d’être livrés comme chaque matin. Mais ils sont accompagnés de deux autres exemplaires, ceux du samedi 14 février 1925 pas reçus jusque-là.
Personne n’a pu découvrir pourquoi ils réapparaissaient ainsi, ni où ils étaient passés. Ont-ils été oubliés à la recette principale des Postes ou au ponton (centre de tri de la gare) ? Aucun mot d’explication n’était joint. Quelqu’un a constaté leur présence quelque part et a voulu que les choses rentrent dans l’ordre même si l’actualité n’admet pas le retard.
Ce record de lenteur de distribution pourrait-il être validé ? Soixante-dix jours pour parcourir les quelque trois-cents mètres qui séparent les sièges des deux journaux, respectivement situés 13 rue Jean-Jacques Rousseau pour le Courrier* et 10 rue Bertin pour le Progrès**.
Louis Delallier
* Le Progrès de l’Allier, de la Nièvre et de la Saône-et-Loire (du 7 avril 1908 au 19/20 août 1944), de tendance radicale est la propriété de Marcel Régnier. Né à Billy en 1867, il devient avocat au barreau de Moulins, journaliste et administrateur de société. C’est en outre un homme politique aux mandats et fonctions multiples : maire de Billy (1904 à 1944) - conseiller général du canton de Varennes-sur-Allier (1895-1931) - président du conseil général de l’Allier (1914 à 1931) - député de la gauche radicale socialiste (1903 à 1910) - sénateur (1920-1938) - ministre de l’Intérieur du gouvernement Pierre-Étienne Flandin (novembre 1934 - juin 1935) - ministre des Finances du 4e gouvernement de Pierre Laval (juin 1935 - janvier 1936) - ministre des Finances du gouvernement d’Albert Sarraut (janvier - juin 1936).
** Le Courrier de l’Allier, de tendance conservatrice, a été fondé le 19 juillet 1843 à Montluçon par Alexandre-Placide Pisseau. Il est transféré à Moulins le 1er août 1875 par Alfred Crépin-Leblond qui en avait pris la direction en janvier 1861. Marcellin succède à son père en janvier 1893, lui-même remplacé à sa mort en mars 1927 par son fils Jean. Le dernier numéro du Courrier paraît le 10 septembre 1939 à cause de la mobilisation de son directeur et d’une partie des ouvriers. La publication ne reprendra pas.