Dès le début de la deuxième guerre mondiale la défense passive s’organise pour protéger les habitants du pays des dangers venus du ciel. Elle comprend la mise en service d’un système de surveillance et d’alerte, le recensement des lieux comme les caves, le métro et autres lieux en sous-sol pour abriter la population pendant les bombardements, la construction d’abris souterrains, le creusement de tranchées et l’information de la population sur les mesures de sécurité à appliquer.
A Moulins, en mai 1940, on voit, partout en ville, des ouvriers travailler à la remise en état des tranchées creusées en septembre 1939. Une installation téléphonique spéciale est mise en fonctionnement le 11 mai. Un guetteur installé à Jacquemart est relié par téléphone au poste de police. Tous les abris de la ville sont également équipés d’un téléphone. Un appareil téléphonique spécial est prévu pour relier le bureau des agents de police directement à la poste en cas de panne du standard. Ce sont les agents de garde qui actionnent les sirènes de la ville.
Les coups de sirène de la défense passive répondent à un code déterminé et invariable : Le début de l’alerte est annoncé par des coups de sirène alternatifs d’une durée de 4 minutes. Et, un coup de sirène prolongé de 3 minutes signale la fin de l’alerte.
On pourrait penser que la gravité de la situation et l’importance des risques suffisent à la population pour observer scrupuleusement les recommandations. Ce n’est pas le cas. Certains ne tiennent aucun compte des prescriptions de la défense passive. Ils restent devant les portes et circulent dans les rues à pied, à bicyclette, et même en automobile.
Le maire de Moulins doit rappeler les graves conséquences de cette conduite insouciante et que des poursuites seront engagées contre toute personne ne respectant pas les consignes.
De petites fantaisies nocturnes sont remarquées, mais la police et l’autorité militaire les négligent. Une nuit pendant une alerte, des personnes se promènent sur la levée avec des lampes de poche allumées, en criant et en chantant.
En conséquence, le 9 mai 1940, le maire fait paraître un arrêté stipulant ceci :
La circulation des véhicules automobiles de transport en commun pendant la durée des alertes de jour est suspendue.
La circulation des automobiles privées est maintenue, mais au moment de l’attaque les conducteurs doivent arrêter leur véhicule sur le côté droit et gagner la tranchée abri la plus proche jusqu’à la fin de l’alerte.
Les véhicules qui se trouvent à l’entrée de la ville au début et pendant l’alerte ne sont autorisés à entrer que par groupes réduits et successifs.
Le mouvement réglé par le personnel de la défense passive est complètement arrêté pendant l’attaque. La vitesse des véhicules est réduite à 30 km heure.
Pendant les alertes de nuit, la circulation des véhicules privés est interdite. Ils doivent être garés sur le côté droit tous feux éteints.
Deux jours plus tard, le 11 mai 1940, le maire doit à nouveau réagir devant l’irresponsabilité de quelques-uns de ses concitoyens :
Au moment de l’alerte de la nuit du 10 au 11 mai, il a été constaté que des lumières s’allumaient, que des volets s’ouvraient et que certaines personnes éprouvaient à cet instant précis le besoin de venir prendre le frais sur le trottoir.
Ces pratiques sont de lourdes fautes qui peuvent causer des désastres à leurs auteurs et à leurs voisins.
En cas d’alerte, il ne faut pas ouvrir les volets fermés à la tombée de la nuit. Il faut éteindre toutes les lumières. Il faut fermer les compteurs de gaz et d’électricité. Il faut gagner l’abri le plus proche : cave, tranchée privée ou publique.
Les contrevenants seront traduits devant le tribunal correctionnel en vue de l’application de sanctions très sévères prévues par la loi du 11 juillet 1938.
Louis Delallier