Juin 1948, le quartier du Jeu-de-Paume, « commune libre » organise sa fête annuelle de quatre jours, sans ménager ses efforts afin qu’elle soit un succès populaire.
Le samedi 5 juin, vers 18h 30, le garde-champêtre (Monsieur Mercier) de la commune libre et son tambour étincelant annonce aux habitants les festivités à venir.
A 21 heures, la retraite aux flambeaux se met en marche place de la Paume chez Gaston. Le cortège illuminé par une cinquantaine de lampions et des torches portés par des enfants parcourt les principales rues du quartier, la clique en tête. Les adeptes des bals sont attendus pour danser en plein air chez Gaston qui tient le bar "Le club", place de la Paume.
Le dimanche 6 juin, les « conseillers municipaux » en grand apparat, une voiture américaine découverte escortée par six motocyclistes casqués et en uniforme accueillent à la gare le ministre de la « Repopulation » invité à la fête. Il est 10 h 45.
Le Ministre a pour principale tâche le couronnement de la Rosière et du Rosier.
Deux discours sont prononcés solennellement, l’un par le ministre (Monsieur Aubrun) et un par le maire du quartier (Monsieur Pelletier). Le maire commence ses propos par un vibrant « Monsieur le ministre, Paumiens, Paumiennes » et les conclut avec exaltation :
« Vive toutes les autorités et toutes les libertés !
vive le Rosier, l’églantine, le verger, le jardin, le vignoble et la bouteille !
A votre santé, M. le Ministre de la Repopulation définitive et accélérée !
Vive le galimatias, la gélatine, la mélasse».
Juste après ces paroles encourageantes, la Rosière et son Rosier sont couronnés.
Ensuite, chacun s’empresse rue du 14-juillet prolongée pour l’inauguration d’un monument à la gloire de Négus, le chien qui symbolisa le quartier pendant 10 ans, mort rhumatisant. Ce chien a vu le jour en 1935 et avait pour maître le père de la Rosière qu’il suivait partout à la chasse, à la pêche et au café. Il est mort en 1946 et a connu la première fête du quartier.
Ici repose
Négus
Chien fidèle
Symbole du quartier
A partir de 14h 30, des chars fleuris dont celui des enfants, de la Rosière et du jazz défilent sous une pluie de confettis. La fanfare de Neuilly apporte son concours. Des concerts sont donnés en plusieurs endroits du quartier avec la participation de la philharmonie de Dornes.
La fête foraine qui s’étend de la rue de Bourgogne à la barrière du Jeu-de-Paume ouvre à 16 heures. Le ministre qui n’est, semble-t-il, pas un habitué des manèges attrape le mal de mer sur un manège et doit être transporté dans un café. Cela ne ralentit en rien la bonne humeur des chalands.
Les danseurs se retrouvent en matinée et en soirée chez Gaston comme la veille.
Le départ de la course cycliste est donné à 14h 30, le lundi 7 juin pour un circuit de 40 kilomètres à parcourir deux fois. Vingt-sept concurrents sont au départ. Muller de l’UC Moulins remporte la victoire en 2h 8’. Il est suivi par Souillat de l’EDS Montluçon à 1’ 15’’, Parillaud (EDSM) à 2’ 4’’ et Thévenard (UC Moulins).
Après la course très suivie, les attractions reprennent. Les cafetiers organisent des jeux pour les enfants. Chez Champommier, on pêche à la ligne. Chez Madame Daniel, rue du 14-juillet on court en sac. Chez Charvy près de la barrière, on s’amuse au jeu du baquet. Le mât de cocagne dressé par le comité des fêtes est à proximité. Rue du Jeu-de-Paume, au café de la Belote, les filles jouent au ciseau et au bar des boulistes, des gamins lèchent le derrière de la poêle. Chez Pasquier, une course à pied est organisée. Ces jeux sont réservés aux petits Paumiens et Paumiennes. Mais, un tricheur venu de la Madeleine est repéré !
La fête trouve son prolongement, le mardi 8 juin, avec des jeux d’enfants à 18 h 30. Chez « la » Thérèse, on casse des pots les yeux bandés. Le tirage de la tombola en public a lieu pendant ce temps. Pour les anciens, un concours de valses se déroule le soir. On dit que la Rosière dérangée par tous ces tracas est assez mal en point.