Moulins, novembre 1947
Les bateaux-lavoirs sont fermés. En attendant la construction du lavoir public décidé par la municipalité, les lavandières qui n’ont pas de petit lavoir à domicile vont laver leur linge dans l’Allier.
La Blanchisserie bourbonnaise moulinoise, créée en 1935, propose une alternative, plus coûteuse. Elle est l’une des plus importantes blanchisseries du département avec celle de Vichy. L’établissement, situé 12 rue Antoine Meillet, près du lycée Banville, emploie 14 personnes. De 800 à 1 000 personnes utilisent ses services.
Le linge est collecté par un employé ou apporté à la blanchisserie par le client lui-même. Chacun des clients a sa contremarque afin de faciliter son identification. Une ouvrière qui connaît à peu près toutes les contremarques de la nombreuse clientèle est chargée de vérifier si le linge est bien marqué.
A l’arrivée, le linge est trié par catégorie : draps, torchons, serviettes etc. Ce qui est fragile comme la laine ou la soie est mis à part pour être lavé à la main. Le linge trié est emporté par chariot aux barbottes qui sont les machines à laver dans lesquelles ont lieu toutes les opérations : essangeage (prélavage), décrassage préalable dans de l’eau, lavage et rinçage.
Une fois lavé, le linge est porté dans les essoreuses qui enlèvent environ 70% de l’eau. Elles sont faites d’une cuve en cuivre dont les parois perforées sont lisses. Ces cuves tournent à très grande vitesse pour extraire l’eau du linge.
Le linge essoré est à nouveau trié. Tout le linge plat sans boutons comme les draps, les torchons, les serviettes est mis à part pour être acheminé vers la machine à repasser appelée calandre. Quatre personnes en sont chargées. Deux introduisent le linge, deux le reçoivent à la sortie et le plient.
Les chemises, robes, pantalons, vestes, tricots doivent être traités à la main. Ces pièces sont mises au séchoir pendant 10 à 15 minutes. Leur repassage est long. Il requiert des ouvrières qualifiées, entraînées à utiliser l’amidon et le glaçage.
Ensuite, vient le troisième et dernier tri avant la remise en paquet. Le travail est alors terminé.
Les tournées, organisées par quartiers concernent Moulins les lundis, mardis et mercredis, Bourbon-l’Archambault les jeudis et Decize les samedis.
Les tarifs pratiqués sont de :
5 francs pour les torchons
23,50 francs pour les draps et les chemises homme
18,50 francs pour les chemises femme
32,50 francs pour les pantalons ou vestes de bleu de travail,
3 francs pour les mouchoirs.
Des prix sont consentis aux hôtels. Le linge peut être livré non repassé. Un tarif spécial est alors établi. L’entretien des bleus de travail sans repassage coûte 25 francs au lieu de 32,50 francs.
L’entreprise est toujours en activité dans les années 60. Son numéro de téléphone est le 5-62.
Louis Delallier