Le pillerot, en patois bourbonnais, est un acheteur de peaux de lapins.
Ce petit métier, aujourd’hui disparu, consiste à aller récupérer des peaux de lapins en ville et dans les fermes pour 10 sous la pièce. Le revenu des pillerots est peu élevé. Mais, ils ont d’autres cordes à leur arc comme la récupération de vieux papiers, chiffons ou ferraille ce qui leur permet de vivre, modestement.
Ils connaissent une popularité réelle à Moulins.
Avant la guerre de 14-18, ils constituent une corporation organisée et estimée. On les entend arriver de loin grâce à leur cri sonore « peau d’lapin » « peau ».
Des chorales s’organisent, dont la place de la bibliothèque (place Marx-Dormoy) est le lieu de rassemblement.
Chacun y arrive tiré par son cheval ou par son âne et se lance dans des compositions personnelles de plus ou moins bon goût. Mais, les pillerots font trop de bruit, au point que la municipalité leur défend officiellement de chanter.
Pendant l’occupation allemande à Moulins, leur présence dans les rues et les places est interdite. Ils doivent alors rechercher de ferme en ferme une marchandise qui devient presque introuvable. En effet, les Allemands réquisitionnent toute la fourrure pour l’équipement des troupes destinées à aller combattre les russes sur leur terrain.
Un marché clandestin s’organise. Comme l’élevage donne des résultats et compte tenu des restrictions imposées par les Allemands, les éleveurs produisent de plus en plus. Le prix des peaux augmente. Et, les peaux de lapins garniront bientôt les chaussures, les cols de manteaux et l’industrie française spécialisée en tirera le plus grand profit.
Louis Delallier