Du 22 au 26 décembre 1910, le café du commerce place d’Allier à Moulins accueille le géant russe Pisjakoff né à Radom (aujourd’hui en Pologne) en 1871. Ses parents comme ses trois sœurs n’ont rien de remarquable physiquement. Pisjakoff, de son vrai nom Casimir Pisjak, a commencé à grandir démesurément à l’âge de 18 ans pour s’arrêter dix ans plus tard.
De 19 à 21 ans, il sert dans la garde impériale de Saint-Pétersbourg. Il aurait été garde du corps du tsar Alexandre III. C’est après qu’il quitte son pays pour exhiber sa haute taille en Europe en confiant sa carrière à l’imprésario Josef Kaschel. Des cartes postales (dont des reproductions sont visibles sur internet) soutiennent sa publicité.
Avec ses 2m 46 pour 197 kilos, son tour de tête de 71 cm, son tour de poignet de 0,26 cm, sa pointure du 65 et une circonférence de jambe supérieure à celle du thorax d’un petit homme, il mange comme quatre. On affirme qu’il peut tenir entre ses bras quatre ou cinq personnes en même temps et qu’il lui faut deux ou trois lits pour dormir et, ce, en travers.
Sa tournée l’a conduit par exemple à :
- Mayence à la foire d’août 1898 où il est annoncé comme le « plus grand et plus lourd géant du monde du siècle ».
- Rome, où il fut reçu en audience privée par le pape Pie X fin janvier 1907. Les journaux italiens qui relatent l’évènement disent que le pape s’est beaucoup amusé.
- Milan, où il fut diplômé.
- Bâle où 20 000 personnes vinrent le voir pendant la foire annuelle. La société des 100 kilos* l’a invité à faire une partie de glissoire.
Puis, du 18 au 21 mars 1909, on le trouve au café-restaurant de la poste à Sion (Suisse), du 22 au 25 mars 1909 de 11 heures à 23 heures au café restaurant Kluser à Martigny-ville (Suisse) et du 27 au 31 mars à l’hôtel de la poste de Monthey (Suisse).
En novembre 1909, il est visible plusieurs jours en début de mois à la salle Chenel rue des Quatre-églises à Nancy de 15 heures à 22 heures.
En janvier 1911, le gigantisme de Pisjakoff fait toujours recette que ce soit à la Brasserie nouvelle, place du Champ-de-Mars à Autun ou à l’hôtel d’Angleterre de Bourg-en-Bresse du 1er au 7 mars 1911. Il se produit également dans des baraques de foire en se faisant annoncer par un joueur de trompette habillé en Russe.
En 1912, il est engagé 6 mois et demi au passage Panoptikum à Berlin et, au cours de cette période, il est invité par le chancelier de l’Empire pour une fête dans son jardin.
Pendant la première guerre mondiale, il vit à l’hôtel de la gare de Titisee-Neustadt en Allemagne. Il y meurt le 23 février 1919 d’un coup de froid. Pour la dernière fois, sa grande taille ne passera pas inaperçue car son cercueil doit être sorti par la fenêtre de l’hôtel de la gare et le corbillard doit être remplacé par une voiture découverte décorée de branches de sapin.
Louis Delallier
*voir mon article du 1er juin 2014 « Les infatigables au repos » ou la société des 100 kilos.