Auguste a 47 ans. Il est journalier et vit pauvrement. Les jours se suivent et ne lui laissent aucun espoir d’un avenir meilleur. Sa santé se détériore progressivement. C’est ainsi qu’il devient un habitué de l’hôpital Saint-Joseph. Mais entre le directeur et lui les choses ne se passent pas toujours très bien. Et le voici mis à la porte. Au début du mois de novembre 1902, il doit à nouveau être hospitalisé. Son état nécessite un séjour assez long, jusqu’au 10 janvier suivant. Il serait bien resté plus longtemps, mais Saint-Joseph n’est pas un hôtel et il lui faut entendre raison.
Le jeudi 15 au soir, le concierge de l’hôpital aperçoit Auguste couché devant l’entrée. Par compassion, il lui donne 20 sous pour aller dormir à l’auberge. Le lendemain matin, une nouvelle se répand : Auguste s’est jeté du haut du pont Régemortes. Ceux qui connaissent sa situation difficile pensent aussitôt à un suicide. Il n’en est rien. Il ne s’agit que d’une simulation pour retourner à l’hôpital. Le « désespéré » a escaladé le parapet du pont, est descendu le long d’une pile et s’est laissé tomber sur le sol. Il se plaint beaucoup. Le docteur de Brinon, appelé à la rescousse, l’examine à l’octroi tout proche. Il ne décèle aucune fracture. Mais tenant compte des douleurs abdominales dont Auguste fait état, le médecin demande à la police, qui s’est déplacée, de transporter l’accidenté à Saint-Joseph.
Le mardi 20 janvier, Auguste meurt des suites des blessures internes qu’il s’est lui-même infligées.
Louis Delallier