Arrivé à Moulins assez jeune pour suivre des études au lycée Banville, Victor Ray (Charenton-du-Cher 1866 - Moulins 1944) n’a plus quitté sa ville d’adoption où il a su se faire apprécier grâce à sa personnalité chaleureuse et à son investissement dans la vie locale. Il s’est installé cours Anatole-France dans l’ancien café chinois (entre le cours et la rue des Potiers, à peu près en face du tribunal d'instance).
Non seulement il siège au conseil municipal pendant 26 ans*, mais encore il préside la société des membres bienfaiteurs des sapeurs-pompiers et la société de philatélie. On le retrouve membre du syndicat d’initiatives, de la Société d’émulation du Bourbonnais et de la société des anciens élèves du lycée Banville.
En 1903, son commerce de tissus, à l’angle des rues Régemortes et Laussedat, est florissant. Tout en menant ses affaires avec rigueur, il se prépare à la profession d’imprimeur, un vieux rêve qu’il réalise en acquérant le fonds d’imprimerie Fudez, rue du Vert-Galant.
Il a ses habitudes au Grand Café où il se rend trois fois par semaine pour des parties de manille avec Le Général, Vageot (marchand de culottes), Périscope (qui regarde un peu trop les cartes de ses voisins), le Grand, le Pequit, Rivolet, La Ronche ou Baptiste. Lui, c’est « monsieur Vendredi ». Ce surnom lui vient peut-être de sa présence au Grand Café chaque vendredi de 17 à 19 heures pour rencontrer ses clients avant son retrait de la vie professionnelle. Il est décrit comme grand, encore très droit pour son âge et portant barbiche. Il est reconnaissable à son chapeau à larges bords et ses longs cheveux blancs, sa canne et ses vêtements souvent clairs sur lesquels il arbore sa rosette de l’instruction publique.
Les rencontres du Grand Café sont l’occasion pour ces messieurs de parler du passé de leur ville. Et c’est ainsi que sort de l’imprimerie du Progrès le recueil « Bribes de souvenirs d’un Moulinois » rédigé par Victor Ray au fur et à mesure de ses causeries amicales. Ce précieux témoignage de la vie populaire moulinoise est d’abord paru sous forme d’articles dans le quotidien Le Progrès entre le 1er octobre 1935 et le 14 novembre 1936.
Victor Ray est aussi l’auteur de « Pour faire fortune » chez le même éditeur, ce deuxième ouvrage étant introuvable.
Louis Delallier
*dont : mai 1912 : élu sur la liste radicale socialiste (devenue au deuxième tour « liste de concentration radicale et socialiste unifiée ») menée par monsieur Béraud, maire sortant. Il fait ensuite partie de la commission des travaux publics, de la commission des objets divers commission de la surveillance des écoles - Mai 1929 : élu sur la liste socialiste de René Boudet, maire sortant.