Quatre-vingt-deux ans après, les monuments moulinois se retrouvent sous le feu des projecteurs, mais, cette fois, chaque soir de l’été.
En effet en 1937, l’exposition universelle (encore intitulée exposition internationale des Arts et Techniques appliquées à la vie moderne) qui se tient à Paris met la lumière en vedette. Et toute la France va s’éclairer. La Compagnie des lampes Mazda lance son opération de promotion « le tour de France de la lumière ». L’entreprise qui fabrique des projecteurs est la première mettre en valeur l’architecture de monuments en y projetant de la lumière. Elle obtient le patronage des organisateurs de l’Exposition, de la Direction centrale des Beaux-Arts et du Commissariat général au tourisme.
Après un travail de préparation minutieux, Mazda fait partir du jardin des Tuileries, le 1er mai 1937, cinq convois chargés de matériel d’éclairage, pour une tournée de 200 jours dans 428 villes avec à leur tête des ingénieurs éclairagistes assistés de chauffeurs-électriciens. Le spectacle de clôture a lieu à Versailles le 6 novembre juste après l’illumination des châteaux de Compiègne, Pierrefonds et Chantilly.
Le succès est au rendez-vous partout où le patrimoine sélectionné sort de l’obscurité au fur et à mesure de la tombée de la nuit. Certaines des dates choisies coïncident avec des manifestations locales comme les pèlerinages aux Saintes-Maries-de-la-Mer, à Lisieux, à Lourdes.
La ville de Moulins est incluse dans le circuit avec sa cathédrale et son Jacquemart*. La remorque transportant le groupe électrogène est garée rue Grenier à mi-chemin entre les deux monuments. Tout l’après-midi du dimanche 4 juillet, les curieux viennent s’informer des raisons de ce remue-ménage.
À 21h 40, le spectacle commence. Quinze projecteurs sont placés devant la Mal-Coiffée pour illuminer la cathédrale et cinq devant Jacquemart. Quatre haut-parleurs diffusent la musique choisie par un critique musical. La foule nombreuse découvre ces monuments familiers sous un autre jour si l’on peut dire. Cette expérience annonce les spectacles son et lumière qui sont devenus si courants.
Louis Delallier
*Jacquemart avait déjà fait l’objet d’éclairages par la compagnie d’électricité locale quelques années auparavant.