A la fin du mois d’août 1899, le quartier de Chaveau (rue de Decize et ses alentours) connaît quelques soirées et nuit effrayantes.
Dès la tombée de la nuit, un fantôme se promène dans les champs et entre les maisons, une lanterne dans chaque main. Personne n’ose s’en approcher et chaque apparition entretient, voire augmente, la peur chez les habitants. Les commentaires vont bon train. Certains en rajoutent, sûrs de leur savoir en matière de revenants. Ils évoquent de bonnes raisons toutes aussi peu fiables les unes que les autres.
Enfin, plusieurs jeunes gens censés et courageux se décident à en avoir le cœur net. Vers 22 heures, le vendredi 25 août, ils aperçoivent le spectre déambuler lentement dans un champ près des maisons, tout de blanc vêtu, entouré de l’étrange lueur de ses lampes.
Sans hésitation, ils le prennent en chasse au pas de course et finissent par le rattraper, tombé dans un fossé du champ de pommes de terre par lequel il s’était enfui. Ils arrachent aussitôt le drap et découvrent un inconnu au visage barbouillé de suie qu’ils ne reconnaissent pas. Et encore sans hésitation, ils le rossent avant de tenter de le conduire au poste de police.
Mais le faux fantôme a encore suffisamment d’énergie pour prendre ses jambes à son coup près du passage à niveau de la rue de Decize et disparaitre définitivement par la voie ferrée. On ne saura jamais qui s’est amusé de la sorte à impressionner tout un quartier de Moulins.
Louis Delallier