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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Moulins juin 1937, James Williams effectue sa fameuse sextuple descente en parachute

Publié le 8 Juin 2019 par Louisdelallier in Aviation, Sport

Le Journal du 15 août 1938

Le Journal du 15 août 1938

L’aéro-club de Moulins, présidé par monsieur de La Geneste, réussit la performance de réunir plusieurs as de l’aviation pour son meeting du dimanche 20 juin 1937. Tous ont répondu à l’appel et sont effectivement présents pour étonner une foule immense à l’aérodrome de Pételoup sur la commune de Montbeugny.

Vers la fin de matinée, en guise de prélude à la fête qui débute à 14h 45, les premiers vrombissements retentissent dans le ciel, enfin dégagé.

En car (service continu depuis la place d’Allier), en voiture, en moto, en vélo, à pied, tous les moyens sont bons pour aller assister au spectacle. Aucun désordre n’est à signaler grâce au travail du service d’ordre dirigé par le capitaine Sagette.

 

Des grands et moins grands noms du pilotage et d’avions renommés se partagent la vedette tout au long de l’après-midi :

Aéro-club de Limoges

Fernand Malinvaud, capitaine de réserve, chevalier de la Légion d’honneur, qui a participé à plus de 150 meetings, l’égal de Détroyat, Dret, Cavali, compte 4 000 heures de vol. Il pilote un Gourdou-Leseure de 400 CV équipé pour la haute voltige aérienne.

Gilbert Denis qui a tenté le raid Paris-Tokyo avec Libert quelques mois plus tôt sur Caudron-Aiglon.

Rivière sur Farman 403.

Mile Dussourd présente un Zlin XII, appareil tchécoslovaque de tourisme.

 

Aéro-club de Nevers

Pierre Leydet, président du club, sur Potez 36.

Deboeuf sur Farman 402.

 

Aéro-club de Vichy 

un SFan et trois Farman.

 

Aéro-club d’Auvergne

Commandant Gilbert Sardier, as de la première guerre mondiale, président du club, aux commandes d’un phrygane Salmson et d’un Hispano. 

Sandral sur Morane 60 cv qui exécute des descentes en tonneau et vrilles, joue à s’approcher au plus près du public.

 

Aéro-club de Suisse 

Francis Liardon, champion du monde d’acrobatie aérienne, montre son talent sur un De Havilland  DH 85 Léopard Moth, appareil anglais d’école.

Un Percival Vega Gull 180 CV.

Un planeur Huttez 17  d'entraînement utilitaire allemand monoplace.

 

Aéro-club de Montluçon

Prophète, président du club, sur Caudron-Phalène.

 

Aéro-club moulinois

Exhibition sur Moustique-Farman par Robert Ladure, passé sous une arche du pont Régemortes, et sur l’Hanriot par la section d’aviation populaire.

Des baptêmes de l’air sont assurés par Rogès avec beaucoup de fantaisie pour laisser un souvenir marquant aux passagers.

 

Le programme comprend aussi une démonstration de vol groupé avec 3 Potez 39, un Mureaux 650 CV dernier modèle d’observation, un Dewoitine 510 à moteur canon extrêmement puissant et bruyant à plus de 400 km/h.

 

A celà s’ajoute, le numéro exceptionnel réalisé par James Williams qui, après une montée à 1 200 mètres en dix minutes, s’élance de l’avion en parachutiste confirmé qu’il est. Il ouvre et détache ses six parachutes l’un après l’autre. L’audace de l’enchaînement ébahit les spectateurs.

Cet homme-oiseau de 27 ans, parisien de naissance, est orphelin de guerre. Ses débuts dans la vie sont difficiles. Dès l’âge de 16 ans, il montre un intérêt poussé pour l’aviation et lit des comptes rendus d’exploits aériens dans la presse. Il n’a pas l’argent nécessaire pour passer le brevet de pilote, mais ne perd pas de vue son objectif de réussir dans les airs. A 19 ans, il est employé dans un garage de Commentry, quand il entend parler d’un meeting aéronautique qui va se tenir à proximité. Il n’hésite pas à postuler pour un saut en parachute qui lui est refusé parce qu’il est mineur. La chance lui sourit néanmoins car l’un des deux parachutistes fait faux bond à la dernière minute. Jean Niland, c’est son nom, force le destin en se présentant comme James Williams, 22 ans, Anglais. Ce sera son premier saut, 500 mètres et une grande émotion.

Le voilà lancé dans une belle, mais courte carrière, sous la fausse identité de James Williams. Il rejoint une équipe de parachutistes quelque temps après et exerce comme amateur jusqu’en 1931. Il parcourt la France et l’étranger pour effectuer toujours plus de descentes et d’exhibitions au trapèze aérien.

À Philippeville, en Belgique, il se produit un pied passé dans une boucle fixée à une barre sous l’avion. Mais à la fin de sa prestation, son pied reste coincé et il ne peut se redresser. L’avion tourne en attendant qu’il se sorte d’affaire. James s’évanouit et ne revient à lui qu’au treizième tour et réussit enfin à se dégager.

À Corte, il se trouve à 1 500 mètres d’altitude sous un avion piloté par Jean Réginensi, pilote militaire appartenant au 34ème régiment d’aviation du Bourget. Balloté par la tempête, il est plaqué sur le dos contre des rochers et se casse le coude. Il lui faut moins de deux mois pour reprendre du service. Il est capable de  faire la roue sur un trapèze sous l’avion et le poirier fourchu sur les ailes de l’avion en plein vol, ceci pour accaparer à nouveau l’attention du public qui se lasse de la monotonie des sauts en parachute.

Il est présent au meeting de Lurcy-Lévis en avril 1931 où les conditions atmosphériques tempétueuses ne lui permettent pas de briller. Un premier saut décevant est suivi d’un deuxième avec deux parachutes successifs. Là encore, il ne peut rien contre les éléments et atterrit, à 4 km de la piste emporté par le vent. On le retrouve une heure plus tard emmêlé dans un ormeau et pataugeant dans la terre boueuse

Il améliore ses performances avec 15 secondes, puis 30 secondes de chute libre (environ 700 et 1 000 mètres) à Strasbourg en mai 1935, puis à Bordeaux en juin avec 10 secondes et 21 secondes de chute libre.

En 1936, on lui accorde le deuxième des 27 premiers brevets de parachutisme (brevet créé en mars) réservés aux parachutistes pouvant justifier de 21 descentes.

Le 6 mars 1938, il établit un nouveau record mondial de chute libre depuis 11 420 mètres en sautant  d’un monoplan ANF Les Mureaux 113. Sa chute dure 2 minutes et 50 secondes avant l'ouverture de son parachute à 245 mètres au-dessus du sol de l’aérodrome de Chartres.

 

Malheureusement, certaines prises de risque peuvent être fatales. Le 14 août 1938, au cours du meeting aérien à l'aérodrome de Lons-le-Saulnier-Courlaoux, son parachute ne s’ouvre pas après un saut à mille mètres et une descente en chute libre pourtant calculée. Sur place, une plaque commémorative rappelle ce tragique accident. Jean-James Niland-Williams est enterré à Clichy.

 

Louis Delallier

Moulins juin 1937, James Williams effectue sa fameuse sextuple descente en parachute
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