Une tempête hivernale de plus de 24 heures

Après un épisode neigeux suivi de fortes pluies désastreuses, les éléments se déchaînent à nouveau dans le centre, à Paris, dans le nord-ouest et dans quelques villes de l’est avec une violence égale. L’agglomération moulinoise n’y échappe pas. L’orage éclate vers 21h 30, le lundi 12 février 1900.

La nuit paraît bien longue avec sa succession d’éclairs, de coups de tonnerre effrayants et de rafales de vent. Au matin, le spectacle est affligeant. Les rues sont couvertes de débris parmi lesquels des tuyaux de cheminées, des briques, des ardoises, des tuiles, des gargouilles, des girouettes, des branches cassées, etc.

Une partie de la couverture du hall du concours agricole, place aux Foires (actuelle place Jean-Moulin) s’est posée sur les jeunes platanes environnants. La croix de pierre au-dessus du pignon ouest de la chapelle Sainte-Claire a été projetée sur la toiture avant de s’écraser dans la rue de la Comédie. Les couvertures des vieux bâtiments jouxtant l’église Saint-Pierre sont endommagées. Une cheminée de la Mal-Coiffée (alors prison) a transpercé le toit d’une maison de la descente du Château. La caserne des pompiers a beaucoup souffert également. Boulevard de Courtais, la circulation a été interdite par mesure de précaution car les platanes ont été sérieusement malmenés.

Rue de Paris, les dégâts sont tout aussi nombreux. Le dôme en zinc de la chapelle des Carmélites a été touché. Un des sycomores déraciné est appuyé sur le mur du grand séminaire. Plus loin, près la Rigolée, ce sont des peupliers qui sont couchés sur la chaussée obligeant les laitières venant à Moulins à de longs détours.

Les poteaux télégraphiques et téléphoniques sont renversés. On trouve des fils sur les voies ferrées, ce qui entraîne des retards dans la marche des trains. Le Paris-Clermont, par exemple, prévu pour 8 heures arrive à 11 heures. Aujourd'hui, pas besoin de tempête pour que les trains entre Paris et Clermont affichent fréquemment plusieurs heures de retard (jusqu'à 11 heures à la fin du mois dernier...).

À Yzeure, le cimetière est chamboulé. La plupart des croix sur les tombes sont descellées ou de travers, les couronnes de fleurs sont éparpillées dans les allées.

Dans la campagne, les toitures de ferme ne sont que rarement sorties intactes de la tempête. Des palissades sont arrachées et les meules de paille dispersées dans les champs. Il ne restera plus qu’à se relever les manches pour nettoyer et réparer quand le vent persistant aura enfin cessé.

Louis Delallier