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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Un orage estival

Publié le 26 Juin 2022 par Louisdelallier in Intempéries

Photo Louis Delallier

Photo Louis Delallier

L’après-midi du mercredi 28 juin 1893 est particulièrement lourd. Chacun observe bien cet orage qui menace depuis plusieurs heures, mais personne ne se doute de sa violence sans exemple dira-t-on ensuite. Le ciel est tellement encombré de nuages qu’il fait presque nuit quand il éclate vers 19 heures.

Au début du tourbillon, des parapluies, des branches sont cassés. Le parquet de danse sur le cours de Bercy et une baraque foraine sont même renversés. Il suffit de ¾ d’heure de pluie et de grêle pour tout bouleverser. Les rues semblent de petits torrents qui s’engouffrent dans les quartiers les plus bas et les envahissent. On mesure jusqu’à soixante-dix cm dans les caves et rez-de-chaussée comme boulevard du Champbonnet (Boulevard Charles-Louis-Philippe actuel). Une nappe d’eau se forme aussi rues de la Flèche, Voltaire, des Tanneries, places de la Liberté et Achille-Roche, rues de Decize, Pape-Carpantier, sous le pont du Danube (actuel pont des Bataillots), etc., tellement importante qu’on assure que des bateaux auraient pu y circuler. Les ateliers du journal L’Indépendant dont le siège est rue de Refembre sont complètement inondés.

A 20 heures, on ne peut que constater la quantité de sable, de feuilles et de branchages partout en ville. Les rues ne sont plus que ruisseaux remplis de terre boueuse jusqu’à la hauteur des trottoirs. Des ravines se sont formées. On ne peut plus y circuler. Les grêlons de la taille d’une noix ont brisé de nombreuses vitres, coupé des branches, haché les légumes dans les jardins, tué des centaines d’oiseaux dont une soixantaine dans les dépendances de l’usine à gaz. Des grêlons se sont même enfoncés dans les betteraves.

A la Madeleine, un mur de jardin s’est affaissé route de Clermont. Rue du Vert-Galant, les tranchées de la canalisation ont été remplies par les eaux arrivant en torrents de la rue des Fausses-Braies et de la descente du Château.

Les dégâts sont plus importants dans la campagne. Des fermières ont perdu toutes leurs récoltes. À Bressolles, Chemilly, Neuvy, Montilly, Montbeugny, Lusigny, Chézy, Thiel, les céréales, la vigne, les légumes dans les jardins sont irrécupérables. Deux domaines sont incendiés par la foudre à Montbeugny et à Bessay. A Avermes, ce qui avait échappé à la sécheresse et à la gelée est ruiné. Le lendemain matin, les routes ont conservé leur couche blanche de grêle.

Très vite, les plaintes affluent. Au conseil municipal, Monsieur Bonnet, conseiller, se fait l’écho de l’appel des habitants du boulevard du Champbonnet pour la mise en place de mesures afin d’éviter un nouvel envahissement.

Une lettre arrive au siège du Courrier de l’Allier décrivant l’affligeant spectacle de la rue de Decize, véritable rivière entre les n° 19 et 24 où il était impossible de circuler à pied. Des habitants se sont réfugiés chez des voisins. Un cycliste présomptueux s’est retrouvé à l’eau. L’auteur du courrier rappelle que chaque orage apporte un minimum de trente centimètres d’eau rues Vigenère, de Decize et des Remparts. Lui aussi attend des décisions municipales pour réduire autant que faire se peut les conséquences de ces pluies diluviennes.

Victor Blanchet, fermier aux Roches à Avermes, écrit également au journal. Il veut faire connaître la générosité de M. du Broc de Segange qui offre à ses fermiers la remise de leurs redevances de l’année.

 

Louis Delallier

Voir aussi mes articles des 2 septembre 2017 et 27 juillet 2019 sur le même sujet.

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