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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Lui aussi, on l’a pris pour un autre !

Publié le 12 Octobre 2019 par Louisdelallier in Portraits

Debout, le général d'Aurelle de Paladines - Assis, l'ex-maréchal Bazaine
Debout, le général d'Aurelle de Paladines - Assis, l'ex-maréchal Bazaine

Debout, le général d'Aurelle de Paladines - Assis, l'ex-maréchal Bazaine

L’ex-maréchal François Bazaine*, condamné pour haute trahison, s’évade du fort de l’île Sainte-Marguerite au large de Cannes dans la nuit du 9 au 10 août 1874. La police française est sur les dents. On voit Bazaine partout.

Peu après, des gendarmes moulinois, attentifs aux voyageurs qui descendent et montent dans le train à Moulins, n’hésitent pas un instant à intercepter le fugitif qui déambule sur le quai. Bazaine est fait et ça se passe à Moulins.

On imagine bien que le général d’Aurelle de Paladines** n’en demandait pas tant. C’est lui qui se retrouve dans les mailles du filet et, qui plus est, sans papiers pour prouver son identité. Il est emmené sous bonne garde à la préfecture où il est reconnu pour ce qu’il est. Il sort de cette mésaventure quelque peu décontenancé.

Le portrait-robot de François Bazaine (tiré du Petit Journal du 15 août) décrit un homme de soixante-cinq ans, d’assez petite taille, très gros, aux cheveux courts et  grisonnants, et le front petit », portrait ne ressemblant que de très loin au général…

 

Louis Delallier

 

*François Bazaine (Versailles 1811 - Madrid 1888) était commandant en chef de l’armée du Rhin pendant la guerre de 1870/1871. Sa décision inattendue de replier son armée de 180 000 hommes à Metz, son refus d’envoyer des renforts aux troupes françaises et sa reddition font de lui un traître. Il sera jugé et condamné à la peine de mort avec dégradation militaire pour avoir capitulé en rase campagne. Sa peine est commuée en vingt années de prison par le maréchal-président Mac-Mahon, lui-même battu à Sedan. Bazaine se réfugie à Madrid où il est blessé d'un coup de poignard au visage, le 17 avril 1887, par un voyageur de commerce français, Louis Hillairaud. François Bazaine meurt d'une congestion cérébrale le 23 septembre 1888

 

**L’insubordination de Louis-Jean-Baptiste marquis d'Aurelle de Paladines (Le Malzieu 1804-Versailles 1877) à l'école de Saint-Cyr lui vaut une sortie sans grade en 1824. Il est contraint de s'engager comme simple soldat. Il passe plusieurs années en Afrique et participe à l’expédition de Rome. Il est un des soutiens de Louis-Napoléon Bonaparte pour son coup d’Etat du 2 décembre 1851. Général de division depuis la guerre de Crimée, il est rappelé quand éclate la guerre avec la Prusse en juillet 1870. Alternant victoires et défaites, il voit sa conduite mise en examen par une commission d’enquête, ce qui le mène à un retrait dans l’Ain, à Belley, après démission.

A la fin de la guerre, élu à l’Assemblée nationale par la Gironde et l’Allier, il choisit de siéger, dans le groupe de la droite modérée, pour l’Allier où il a obtenu davantage de voix. Le 10 décembre 1875, il est élu 19e sénateur inamovible, sur les 75 nommés par l'Assemblée nationale (avec des voix de gauche). C’est un député et un sénateur peu actif. Il laisse un ouvrage publié en 1872, « La Première armée de la Loire » où il met en avant son talent de stratège militaire. Il est toujours plus sûr de se parer soi-même de lauriers. La tombe de la famille d’Aurelle de Paladines se trouve dans le cimetière de Saint-Loup (Allier) où il habitait.

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