21 juillet 1907 : fête de l’hôtel des postes à Moulins

Printemps 1907, le nouvel hôtel des postes commence à sortir de terre à l’angle de l’avenue Théodore-de-Banville et de la rue Berthelot. Il remplacera celui de la place de la bibliothèque (place Marx-Dormoy actuelle). Baër fils en est l’architecte et les entreprises Dubost et Baudron les constructrices. Le transfert des services postaux se fera le 29 mars 1909.

En attendant, le comité permanent des fêtes, tout récemment créé, a l’idée d’organiser la fête de la « pierre commémorative de la fondation » puisqu’il a laissé passer l’occasion de la pose de la première pierre ! Les journalistes du Courrier de l’Allier et de La Croix de l’Allier  s’accordent pour exprimer un certain mépris à l’égard de cette initiative qu’ils jugent bien inutile.

Cela n’empêche pas les Moulinois, et qui sait leurs voisins, de s’endimancher pour assister aux réjouissances du 21 juillet.

Joseph Sorrel, maire de Moulins et sa municipalité, le préfet, les anciens combattants de 1870, les pompiers, le général Pérez, les officiers délégués de la garnison, messieurs Ville sénateur et Péronneau député, les chefs de service des différentes administrations, le conseil des prud’hommes, l’association du personnel des postes défilent escortés par le 10^e chasseurs à cheval et la Lyre moulinoise. De la place de la République en passant par la mairie et la préfecture, le cortège se rend sur le chantier.

La foule dense ne boude pas son plaisir devant ce divertissement nouveau et profite du beau temps. Les discours, bien que peu audibles, sont applaudis généreusement. Le président du comité des fêtes, Antoine Darfour, présente un historique de la poste à Moulins depuis le début du XIX^e siècle avant de laisser la parole à monsieur le maire. La Marseillaise retentit à plusieurs reprises.

Arrive le moment solennel de la dépose d’un parchemin et de pièces de monnaie frappées de l’année 1907 dans la pierre préparée à cet effet. Le maire manie une truelle toute neuve pour sceller la pierre (recouverte d’une feuille de plomb) dans le mur, puis donne trois petits coups de marteau, suivi des trois petits coups de marteau des personnalités présentes.

Un vin d’honneur est servi à tout le personnel qui apprécie l’honneur qui lui est fait. La Lyre moulinoise y va ensuite de son concert incontournable au kiosque de la préfecture.

À 20h 30, la place d’Allier, éclairée généreusement de guirlandes électriques et décorée de drapeaux, est le cadre d’une séance de gymnastique et d’athlétisme tout à la fois, donnée par  la Bourbonnaise et le Club sportif moulinois. La fanfare de la garnison rythme le spectacle. Il y a du monde jusque dans les arbres dont cinq ou six enfants qui dégringolent à cause d’une branche qui a cassé sous leur poids. Pas de blessés.   

Le marché couvert accueille le bal populaire de 22h 30. C’est une franche réussite car on compte 800 entrées payantes et la vente de confetti rapporte 229 francs. Les derniers flonflons sont entendus vers 2 heures du matin.

N’en déplaise donc aux esprits moqueurs cités plus haut, une fête, quelle qu’en soit la raison, savait trouver ses amateurs.

Aujourd’hui, la poste principale se trouve place Jean-Moulin. L’ancien hôtel des postes, nommé Sésame, abrite notamment les services municipaux administrant les affaires sociales.

Louis Delallier