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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

« Bande de ch’vaux, ils ne sont donc pas fichus de se payer une musique pour un jour comme ça ! »

Publié le 14 Juillet 2020 par Louisdelallier in Fêtes

14 juillet 2014 (photo Louis Delallier)

14 juillet 2014 (photo Louis Delallier)

Remarque courroucée d’un Moulinois qui regrette qu’aucun concert ne soit prévu le soir du 14 juillet. Nous sommes en 1920.

Et, bien que la Chorale de Moulins le 9, la fanfare de la garnison le 10, la fanfare d’Yzeure le 12 y soient allées de leur concert, que le 13 la retraite aux flambeaux ait été accompagnée par les trompettes militaires, que les orgues de barbarie de la fête des cours tonitruent, ça ne suffit pas !

Cette absence s’expliquerait par la facilité qu’on les musiciens de se faire engager et par les très bons cachets qu’ils perçoivent dans les bals et les cinémas. Alors pourquoi s’installer sur le kiosque à musique près de la préfecture pour des clopinettes !

Malgré ce bémol (!), la fête nationale a été célébrée dans la tradition à Moulins. Les indigents sont gratifiés d’un secours et la population est invitée à participer à l’incontournable retraite aux flambeaux à 20h 30, le mardi 13 juillet. Elle ne s’en prive pas. La musique est bien présente avec les fanfares du 36e d’artillerie et de l’école de gendarmerie. Le parcours est assez long pour que tout le centre-ville en profite : place de l’hôtel-de-ville, rue François-Péron, les cours, avenue nationale, boulevard de Courtais, rues de Lyon, des Couteliers, Gambetta, place d’Allier, rue d’Allier, place de l’hôtel-de-ville.

Le lendemain, l’armée montre sa vaillance, son éclat, sa discipline à commencer par la présentation, dès 8 heures au quartier Villars, de l’étendard aux soldats de la classe 1920 par le lieutenant-colonel Carpentier, commandant de la place, qui conclut ainsi son discours : « Faites l’union des efforts et des bonnes volontés autour des trois couleurs pour que la paix s’affirme dans la prospérité, pour que la France victorieuse puisse encore répandre son génie à travers le monde. »

Transportés par ces belles paroles, les soldats, tout frais arrivés ou déjà embarqués dans une carrière qu’ils espèrent réussie, se déplacent jusqu’au cours de Bercy, cadre d’avant-guerre retrouvé, à environ 1,5 km, pour un officiel et très règlementé passage en revue. Képi, baudrier, sabre, jambières en cuir, gants de couleur sont obligatoires.

Le capitaine Auniord procède à la mise en place dont celles des futurs décorés. A 9h 30, la tribune officielle est complète. S’y côtoient Émile Moisson préfet, messieurs Carrère, secrétaire général de la préfecture, Jean-Baptiste Buvat, maire de Moulins, Chambron et Hélion ses adjoints, Husson et Arnaud, conseillers de préfecture, Hachard chef de cabinet et autres autorités indispensables. Les officiers de complément en uniforme sont rangés au pied de la tribune. Leur font face l’étendard du 36e d’artillerie et les mutilés de la dernière guerre. Une ambulance militaire est installée au rond-point du cours de Bercy pour parer à tout accident.

Le lieutenant-colonel Carpentier remet les décorations très attendues. Le commandant Augustin de Praingy (un Bourbonnais d’Agonges), major du 36e, est fait officier de la Légion d’honneur. Le capitaine Jean du Bois du Tilleul du 36e  (19 ans de service, 5 campagnes, 1 blessure, 1 citation) et le lieutenant Fontenille (à titre posthume pour ce dernier) sont nommés chevaliers de la Légion d’honneur. Messieurs Rubatat, chef de brigade de gendarmerie de 3e classe, Buot et Joliet, gendarmes porteront  la médaille militaire.

La revue des troupes, étalées le long du cours, se fait dans la foulée avant le défilé, qu’on dit impeccable de quatre escadrons de l’école de gendarmerie, des trompettes du 36e, de l’étendard du 36e et sa garde avec le peloton d’escorte, de trois batteries de canons de 75, d’une batterie lourde (canon de 155 court Schneider) et d’un peloton d’élèves gendarmes. Ceux qui marchent sont placés sous le commandement du capitaine Gibaud de l’école de gendarmerie et ceux qui avancent à cheval sous les ordres du commandant Tinland du 36e. Les airs joués par la fanfare d’Yzeure dirigée par Pierre Chaumas (encore de la musique) ont la martialité requise.

Du cours de Bercy en passant par les rues de Paris, François-Péron, de l’Horloge, d’Allier, la place d’Allier et la rue Régemortes, les soldats regagnent leur caserne à la Madeleine.

Un feu d’artifice est tiré sur les berges de l’Allier à partir de 20h 30 pour une foule d’amateurs toujours enthousiastes.

La journée s’est déroulée sous un soleil impeccable lui aussi. Trois salves d’honneur de 21 coups chacune ont été tirées à 8 heures, 12 heures et 20 heures depuis la rive gauche, entre les deux manèges du quartier Villars. Les habitants, dans un rayon de 300 mètres, avaient été appelés à ouvrir leurs fenêtres par précaution.

 

Louis Delallier

14 juillet 2014 (photo Louis Delallier)

14 juillet 2014 (photo Louis Delallier)

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