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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Un escroc imaginatif et audacieux

Publié le 22 Août 2020 par Louisdelallier in Portraits, Faits divers

Un beau jour du mois de juin 1890, le mardi 10 précisément, François L. arrive à Moulins. Il est occupé à une sorte de tour du Bourbonnais où il se livre à quelques escroqueries de plus en plus sophistiquées.

A Vichy, sa victime est monsieur Fauron, loueur de voitures à qui il emprunte une voiture en sa qualité de domestique du marquis de Montlaur, emploi respectable dans une famille bien connue qui, elle, n’a sûrement jamais entendu parler de François L. Des complications surgissent à Saint-Pourçain-sur-Sioule et obligent François à s’enfuir après avoir laissé son attelage dans une auberge.

Sans doute que les 30 km à parcourir pour parvenir à Moulins lui ont redonné du baume au cœur, car il commence une série de supercheries dans différents hôtels et auberges moulinois. Partout, il se fait passer pour le domestique d’éleveurs ou encore jockey du baron Roger. Et son aplomb suffit à inspirer confiance.

Chez Bourdier à l’hôtel du Commerce (place Achille-Roche), chez Dupont, aubergiste à La Madeleine, Châtillon, restaurateur (route de Lyon), Boudard, restaurateur (place aux Foires), Forichon à l’hôtel de la Couronne, à l’auberge du Cheval blanc (rue de Paris), il prétend attendre des chevaux et commande quelques installations spécifiques et onéreuses pour les héberger. Par exemple, il obtient la réalisation de bat-flancs pour sept chevaux avec empaillage pour qu’ils ne se blessent pas et la pose d’un tapis moelleux pour le cheval favori de son patron.

Qu’avait-il à y gagner ? Le gîte et le couvert pendant toute la durée des travaux. Il savait en profiter sans lésiner et sans crainte d’être découvert semble-t-il.

Mais la crédulité a ses limites et des plaintes sont déposées contre lui. Moulins n’est pas une grande ville. C’est pourquoi quand il tente de se soustraire à la surveillance qu’il a détectée, il est cueilli à sa sortie de l’auberge Aumaître (rue de Paris). Dès le surlendemain, le mercredi 18 juin, il comparaît à l’audience des flagrants délits avant d’être emprisonné à la Malcoiffée.

Le 29 juillet suivant, le tribunal correctionnel de Cusset met fin (provisoirement) à sa petite entreprise en le condamnant à 4 mois de prison pour détournement d’objets qui lui ont été confiés, de tentative de vol d’un équipage et de grivèlerie. Ce jeune père de deux fillettes, âgé de 24 ans, vit d’ordinaire à Bellenaves. Il est né à Voussac d’un père garde particulier, ce qui explique peut-être son choix de se faire passer pour employé de familles nobles.

 

Régulièrement ramené vers les tribunaux et condamné à de petites peines, François s’enferme dans ce mode de vie au moins jusqu’à la mi-avril 1903. Cette fois-là, il se concentre sur le village de Gouise. En sa qualité d’employé des Ponts et Chaussées, il arrive sans crier gare et avec autorité chez une habitante pour lui dresser procès-verbal. Le motif en est l’entretien négligé du ruisseau qui coule près de chez elle et l’absence de ponceau. La femme ainsi admonestée éprouve une telle émotion que le « brave » garçon consent à passer l’éponge contre 25 centimes. L’affaire faite, il choisit une deuxième victime, encore une femme, à qui il soutire un bridon en sa qualité de marchand de chevaux. Après avoir déjeuné gratuitement chez l’aubergiste du coin, il est intercepté par les gendarmes prévenus par le maire, lui-même alerté par la verbalisée du début de cette journée qui s’annonçait pourtant fructueuse. Le 8 mai, le tribunal de Moulins l’envoie en prison pour un mois, sanction indulgente compte tenu du peu de gravité des faits. François L. approche de la quarantaine. Il est alors domestique sans domicile fixe.

 

Louis Delalier

 

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