Laurent Galabrut, originaire de Saint-Beauzire dans le Puy-de-Dôme, et domicilié à Clermont-Ferrand, a trouvé ce qui lui paraît être un moyen facile de se procurer des liquidités.
Au début du mois de décembre 1897, il se trouve dans le sud du Bourbonnais pour exercer ses talents. Son outil de travail ne pèse pas bien lourd : quelques baleines (de parapluie ?) et de la glu. L’emploi ne requiert pas de gros efforts, mais reste aléatoire.
Par exemple, les troncs des églises de Vichy et de Cusset, pourtant très fréquentées, sont vides. Varennes se montre à peine plus généreuse avec une récolte de quelques sous. À Saint-Pourçain, des fidèles comme incrustés dans les lieux empêchent le travailleur itinérant de mener à bien sa tâche. Heureusement que les troncs de Contigny lâchent 30 sous. Chose curieuse, il n’y a pas de tronc à Châtel-de-Neuvre.
L’étape suivante est Moulins où Laurent Galabrut est déposé par un voiturier compatissant à 12h 30, le jeudi 9 décembre, juste devant le Sacré-Cœur. On ne pouvait faire mieux ! Pas le temps de manger, l’ouvrage n’attend pas. Mais vers 13 heures, la malchance est au rendez-vous. Une octogénaire, venue se recueillir, remarque ce drôle de bonhomme, vêtu d’une blouse, occupé à vider un tronc avec des baleines collantes. Elle prévient le sacristain qui réussit à appréhender le pilleur avec l’aide de passants qu’il a alertés.
Conduit au commissariat de police, notre homme est interrogé par le commissaire Lannes et avoue le vol, sans résister, d’autant moins qu’il était en possession de ses outils et de 3,90 francs qu’il venait de retirer du tronc.
« J’ai joué de malheur. Je commençais à récolter de la galette quand patraque ! La bonne vieille est arrivée. C’était vraiment pas le moment car les troncs étaient tous pleins ».
Il avoue également avoir été déjà condamné 4 fois pour vol entre 15 jours et 5 ans. Le commissaire, qui sait y faire, a ouvert une carte de l’Allier devant lui et énumère les villes entre Vichy et Moulins comme s’il était déjà au courant. Il obtient sans peine le nom des églises visitées.
Il n’en faut pas plus pour écrouer le Clermontois à la Mal-Coiffée.
Louis Delallier