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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Louis Périé, le duel comme une seconde nature

Publié le 26 Septembre 2020 par Louisdelallier in Portraits

La Libre parole du 24 novembre 1900

La Libre parole du 24 novembre 1900

Louis Périé, journaliste de son état, est-il un provocateur né ou simple victime de la vivacité de sa plume ou les deux à la fois ?

Alors rédacteur en chef de l’Indépendant de l’Allier, Louis Périé s’engage dans une polémique violente avec G. Bernard rédacteur au Messager de l’Allier qui lui envoie ses témoins. A l’issue de l’entrevue, Louis Périé demande à ses propres témoins de ne pas signer le procès-verbal et provoque publiquement son adversaire qui a fait paraître ledit procès-verbal en affirmant avoir obtenu satisfaction.

G. Bernard demande réparation par les armes. Le duel à l’épée de combat se passe le samedi 28 janvier 1888 à 15 heures en forêt de Moladier. Le règlement précise que les deux. hommes doivent se battre jusqu’à impossibilité absolue de continuer pour l’un d’entre eux.

J. Pannetier, rédacteur à la Démocratie du Centre et Paul Merle, rédacteur en chef de la Démocratie du Cher assistent Louis Périé et messieurs E. du Bay et de Norgues sont aux côtés de monsieur Bernard.

Louis Périé, blessé à l’avant-bras dès la première reprise avec hémorragie et engourdissement du bras est déclaré dans l’impossibilité absolue de continuer par le médecin présent.

 

Quelque temps plus tard, Louis Périé critique dans un article toujours dans l’Indépendant de l’Allier la conduite des sous-officiers du 7e chasseurs dans les cafés de la ville. Les sous-officiers visés chargent le plus ancien gradé d’entre eux de demander réparation au journaliste de son offense. Ernest de Chavigny désigné comme arbitre conclut que, sans regrets sincères de la part du journaliste, un combat est inévitable.

Le lundi 5 mars 1888 à 15h 30 dans les bois de Bressolles, Louis Périé, entouré de ses témoins habituels, se bat contre monsieur Balay, sous-officier au 7e chasseurs dont les témoins sont messieurs E. du Bay et V. Germain. Trente-cinq minutes et huit reprises plus tard, monsieur Balay a été touché une fois au bras droit et Louis Périé cinq fois au bras droit. Les témoins décident d’« arrêter les frais ».

Quelques recherches à son sujet montrent chez notre journaliste impétueux un goût certain pour les règlements de comptes par les armes.

Lorsqu’il était rédacteur à la Démocratie du Cher, il fut, en mai 1885, le témoin de Paul Merle opposé à Alexandre Girault, ancien conseiller municipal de Vierzon.

Le 2 juin 1886, il est rédacteur à la Loire républicaine à Saint-Étienne. A la suite d'une controverse avec Auguste Martiney, publiciste, il le rencontre à 7 heures dans la vallée de Rochetaillée près de Saint-Étienne. On retrouve son acolyte Paul Marle, toujours rédacteur en chef de la Démocratie du Cher, auquel s’est adjoint Georges Mantelée, rédacteur au Lyon républicain. Dès le premier engagement, Auguste Martiney reçoit une blessure assez profonde au bras droit. Ses témoins sont Edouard Bossakiewicz, publiciste, et Pierre Moine, mécanicien.

En décembre 1887, alors directeur de l’Indépendant de l’Allier, il s’estime injurié par monsieur Aupetit dans le Journal du département de l’Indre et veut laver cet affront. Mais Aupetit ne donne pas suite.

En juillet 1889 vers 14h, aux environs de Moulins, Louis Périé (témoins : J. Pannetier et Paul Merle) est aux prises avec Jacques Lamache, directeur de la Gazette de l’Allier (témoins : Ernest Oliver et Lucien Faure). Cette fois, on utilise le pistolet de combat à 20 pas avec une deuxième balle tirée si la première n’a pas donné de résultat… Deux balles seront échangées sans blessure. Périé, intraitable, publie les PV et ajoute : « Pour conclure, je déclare à M. Lamache que je le provoquerai partout où je pourrai le rencontrer jusqu’à ce qu’il consente à un duel sérieux ».

En mars 1892, il est collaborateur de la Dépêche de l’Est sous le pseudonyme de Jacques Maupuy et s’en prend à Charles Foulon, rédacteur en chef de l’Eclaireur de l’Est qui envoie des témoins. E. Bugg directeur du Courrier de la Champagne désigné comme arbitre déclare que l’article ne revêt pas le caractère d’une attaque directe contre Charles Foulon, dans son tort après avoir écrit un article des plus blessants. De plus Charles Foulon n’aurait pas permis à son interlocuteur de préciser sa pensée.

En décembre 1895, le duel souhaité n’aura pas lieu bien que Louis Périé, rédacteur en chef du Petit Républicain de l’Aube, se sentant outragé par Louis Mony conseiller général socialiste de Troyes, ait envoyé ses témoins, F. Lange et Roger Douine. Mony refuse de se commettre avec Périé.

En mai 1900, Louis Périé continue sa carrière en prenant la direction de la République nouvelle, journal fondé à Bordeaux par les républicains progressistes. Il travaillait au Petit Républicain depuis six ans où il avait été remarqué pour ses compétences dans le domaine politique, la fermeté de ses convictions républicaines et sa vaillance à les défendre contre les partis extrêmes de gauche et de droite.

Mais, à nouveau, au mois de novembre suivant, Adrien Papillaud, rédacteur en chef à la Libre parole, demande réparation à Louis Périé pour un article sur l’affaire des décorations. Léon Lainé et Ernest Dupont, rédacteurs à la République nouvelle, l’assistent dans son combat à l’épée le 23 novembre à 15 heures dans les environs de Bordeaux. Une blessure sérieuse à l’avant-bras droit empêche Louis Périé de continuer le combat. Les deux hommes échangent ensuite les phrases suivantes :

A. P. : « J’espère, monsieur, que votre blessure ne sera pas grave »

L. P. : « Attaqué par vous, j’ai fait mon devoir en vous envoyant mes témoins »

A. P. : « Vous avez fait le vôtre en les accueillant et vous avez ainsi donné une bien sévère leçon à certains de vos confrères bordelais »

Malgré ce commentaire positif, Louis Périé ne s’attarde pas longtemps dans le secteur. En effet,  son nom apparaît à la une de l’Indépendant rémois comme rédacteur en chef dès 1901. Il y reste au moins jusqu’en 1913.

Il est mort à Versailles en octobre 1950. Il avait 87 ans.

 

Louis Delallier

 

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