Des side-cars américains à Moulins en août 1918

La quinzaine de side-cars militaires américains qui arrive à Moulins le mercredi 21 août 1918 ne peut qu’attirer les regards. Et lorsque l’un d’entre eux s’arrête rue du Vert-Galant, l’intérêt s’accroît. Son pilote réclame du carburant : « gazoline ! »

Un riverain de bonne volonté  le guide vers le garage le plus proche, peut-être celui situé au chevet de la cathédrale (actuellement maison paroissiale Saint-Gabriel). Hélas ! On n’y délivre pas d’essence sans bon. Qu’importe ! Le garage militaire fera l’affaire. Là encore, pas d’essence sans bon.

Le soldat américain et son accompagnateur se rendent à la préfecture, sûrs d’obtenir tous les certificats nécessaires. Eh bien non ! Les services de l’Etat ne s’occupent que du ravitaillement civil. Un conseil leur est toutefois donné : s’adresser au 36^e régiment basé au quartier Villars.

A pied et avec un side-car en panne de surcroît, le chemin est long jusqu’à la Madeleine (environ 2 km). À la caserne, on a besoin de la présence du chef du détachement américain, le seul habilité par le règlement pour signer le reçu attestant la remise de l’essence. Mais il est déjà loin, car il a continué sa route avec les autres.

Devant ce casse-tête ridicule, c’est monsieur Lebureau, sans doute le chaperon attentionné, qui offre de quoi alimenter la machine américaine pour permettre à son conducteur de rejoindre son groupe.

La guerre fait toujours rage. Les soldats américains aussi tombent au front. Et le règlement continue à être appliqué avec une rigidité inébranlable.

Louis Delallier