Certains de nos contemporains sont convaincus de faire preuve d’une originalité jusque-là inégalée en choisissant un prénom hors des sentiers battus pour leur enfant, parfois au mépris du bien-être de ce dernier. En effet, un prénom ne peut pas être un caprice, ni une façon de se distinguer du commun des mortels par personne interposée. Pas plus qu’il ne peut être une soumission à une mode dont la superficialité ne résistera pas aux années. Un prénom se porte toute une vie et quelques-uns de nos ancêtres en ont su quelque chose !
Le calendrier républicain mis en place en octobre 1793 a donné quelques beaux résultats. Les bébés de parents inconnus pouvaient être prénommés et nommés par l’administration en fonction du jour de leur naissance. A Moulins, les limites raisonnables ont quelque peu été franchies comme le révèle la lecture des registres d’état-civil.
Sont nés au cours des années 1793, 1794 et 1795 :
Germinal Marat
Jean Messidor
Hotte Fructidor
François Brumaire
Alexandrine Germinal
Marie Germinal
Laurier Pluviôse
Mousse Pluviôse
Perce-neige Pluviôse
Coignée Pluviôse
Marie Vendémiaire
François Vendémiaire.
Floréal Bordat, fils d’un marinier, a été nommé ainsi par la volonté de son père, sans doute un républicain dans l’âme !
Au niveau national, ce sont des Salpêtre Nivôse, Etain Nivôse, Chiendent Nivôse, Traîneau Pluviôse, Noisetier Pluviôse, Narcisse Ventôse, Persil Ventôse, Sénevé Floréal (pour les garçons) et Houille Nivôse, Marne Nivôse, Perceneige Pluviôse, Ardoise Nivôse, Violette Ventôse et Carpe Floréal (pour les filles) qui ont supporté un nom qui les identifiait bien comme enfants abandonnés.
En avril 1902, le Courrier de l’Allier s’amuse de la tentative (heureusement stoppée) d’un employé de l’état-civil de Pontivy d’attribuer les patronymes de Delabicyclette et Dukdelespasse, à deux garçons nés en avril et novembre 1901.
Le Progrès de l’Allier signale, en octobre 1942, des Angadrème, Amalberge, Craphoïde, Finsèque, Crescentienne, accordés aux parents, car figurant dans le manuel des 3 750 prénoms légalement autorisés en vertu de la loi du 2 germinal an XI (23 mars 1803). La rédaction de ce manuel s’était appuyée sur plusieurs calendriers et sur l’histoire ancienne.
Au XXIe siècle, les Bistamone, Courcodème, Mogoldoboborco, Pamphanuce et autres Evelpisle pourraient retrouver un second souffle.
Louis Delallier