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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

La société de secours aux blessés de Moulins pendant la Première guerre

Publié le 22 Mai 2022 par Louisdelallier in Guerre 14-18

La société de secours aux blessés de Moulins pendant la Première guerre

Le 5 avril 1919 dans les locaux de la Caisse d’Epargne place de l’hôtel-de-ville, a lieu l’assemblée générale du comité moulinois de la Société Française de secours aux blessés militaires*. Son président, le docteur Firmin Méplain (1841 - 1927), vétéran de la guerre de 1870, dresse le bilan des activités d’août 1914 à février 1919.

La gare de Moulins, suffisamment à l’arrière du front et située sur la ligne de chemin de fer entre Paris et Clermont-Ferrand, est un endroit stratégique pour accueillir les militaires blessés ou malades. Les 989 trains sanitaires transportant 279 105 hommes qui s’y sont arrêtés en apportent la preuve. L’infirmerie de la gare, dotée de 15 lits, est fonctionnelle dès le 7 août 1914 et distribuera 46 532 grands repas et 72 426 petits repas. Les soldats qui ne font que passer à Moulins consommeront environ 103 600 boissons chaudes ou froides et 8 000 sandwichs qui leur sont offerts.

Le personnel médical s’acquitte de sa tâche avec abnégation et sans relâche. On estime de 35 000 à 40 000 le nombre des militaires descendus à Moulins dont 1 464 sont temporairement hospitalisés à la gare où 14 d’entre eux meurent soutenus par l’abbé Durin qui sera tué au front en février 1918.

Aux 41 153 civils pris également dans la tourmente de la guerre, évacués ou réfugiés, sont fournis 8 319 grands repas et 26 691 petits repas. La cantine de la gare, ouverte seulement le soir, sert à prix extrêmement bas, 22 732 dîners, 1 982 potages et 100 083 cafés. Des chiffres, beaucoup de chiffres, mais aussi de l’humanité, beaucoup d’humanité.

Pour dispenser les soins nécessaires aux combattants, des hôpitaux temporaires sont installés en plusieurs points de l’agglomération en plus de l’hôpital Saint-Joseph et de l’hôpital général.

Au n° 8 de la rue Jean-Jacques Rousseau (école primaire supérieure), 48 lits sont disponibles à partir du 10 août après de très importantes réparations et aménagements exécutés avec célérité. Les premiers blessés intègrent les lieux le 21.

Une annexe de 35 lits ouvre le 23 août au pensionnat Notre-Dame (rue du Lycée) qui devient la maison principale en août 1917. Dans les deux établissements, on comptera jusqu’à 112 lits, 2 529 blessés soignés et 96 047 journées de malades fournies par des infirmières dites « expertes ». Elles ont été formées, avant la guerre, au dispensaire Saint-François, rue du Cerf-Volant, grâce à des cours entretenant l’esprit Croix-Rouge.

Plusieurs autres bâtiments sont réquisitionnés dans l’agglomération :

A Moulins, le lycée de jeunes filles (collège Anne-de-Beaujeu actuel), l’école normale d’institutrices, l’école primaire supérieure de garçons de la rue Jean-Jacques Rousseau, le noviciat des frères au 87 rue de Paris (face au cimetière).

À Yzeure, le château de Bellevue, l’actuel lycée Jean-Monnet, le couvent de la Visitation et l’actuel hôpital spécialisé (anciennement asile Sainte-Catherine).

Aux professionnels, médecins et infirmières, se sont adjoints des soignants improvisés tout aussi dévoués pour soulager les effets dévastateurs du conflit armé.

Dans son rapport, Firmin Méplain souligne l’assistance fraternelle apportée par le comité britannique de la Croix-Rouge française et de la Croix-Rouge américaine. Et il rend hommage à l’abbé Durin et aux autres membres du comité morts : capitaine Bazin, messieurs Eugène Égalon, pharmacien, Croizier et Thonnié. Les comités masculin et féminin sont complétés par les nominations de M. Leutrat (très actif à l’infirmerie de la gare), de la baronne Marion et de Mlle Bardet. Madame Bucheron prend la vice-présidence et Mlle Bardet le poste de lingère.

Une fois les hostilités terminées, un tri est effectué dans les fournitures et matériel restants. On réunit ainsi de quoi remplir deux wagons de lingerie, vêtements de laine, literie, couvertures, vaisselle, ferblanterie, etc. Ils partent vers la Somme, région terriblement sinistrée après plus de 4 années de combats et de bombardements, à destination de neuf communes ruinées des environs de Péronne.

 

Louis Delallier

 

*La Société de secours aux blessés militaires (S.B.M.), fondée à Paris le 22 mai 1864, est une émanation de la toute jeune Croix-Rouge créée en février 1893 à Genève sur l’impulsion d’Henri Dunant pour tenter d’améliorer le sort des soldats blessés sur les champs de bataille.

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