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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Moulins 1942, trafic de viande et récupération de charbon

Publié le 24 Juillet 2022 par Louisdelallier in Faits divers

Nous sommes au début du printemps 1942. La guerre et l’occupation apportent leur lot de malheurs, de drames et de peurs. Les restrictions de toutes sortes dont le manque de nourriture pèsent un peu plus chaque jour sur la population. Peut-être est-on alors moins regardant sur la provenance de ce qu’on achète et encore moins si aucun ticket de rationnement n’est réclamé en échange. En tout cas, cette période douloureuse est une aubaine pour certains qui en profitent pour augmenter leur trafic alimentaire scandaleux.

Et ce ne sont pas des débutants. Gilbert B, 53 ans, courtier en bestiaux (sans autorisation officielle) aux Brosses à Yzeure, achète et revend des animaux malades depuis 1928. Il s’associe en 1936 à Georges R., 59 ans, boucher rue des Garceaux, qui voit là une belle manière de faire des bénéfices. Ce dernier écoule la marchandise frelatée à sa clientèle, à des charcutiers pour saucisson ou conserves ou à des restaurateurs.

Le 14 avril, un cultivateur aux Plantes à Toulon, se débarrasse pour 100 francs de deux génisses en mauvaise santé qui prennent le chemin de la boucherie moulinoise après abattage à Yzeure.

La gendarmerie de Moulins qui enquête en toute discrétion finit par confondre les deux complices à l’organisation bien rodée. On estime qu’ils ont écoulé quelque 12 000 kg de viande avariée. Aucune plainte de client n’ayant été déposée, on peut penser que personne n’a été malade ou suffisamment malade après en avoir consommé pour faire le lien.

La préfecture frappe B. de six mois d’internement et R. de trois mois. 

 

Pendant ce temps, Antoine André, 53 ans, dit Pieds-plats, se livre à un tout autre « trafic ». Depuis des mois, il ramasse à la gare de débord les débris de charbon tombés sur les voies pendant les déchargements. Même la neige, ne l’arrête pas. Avec l’argent récolté à la revente, il va au bistrot. Son manège est toléré par les employés de la gare jusqu’à ce qu’un surveillant zélé l’interpelle alors qu’il transportait un sac d’une trentaine de kilos. Cela lui vaut un passage devant le tribunal au mois de juillet suivant. La justice se montre clémente en considérant qu’il s’agit de récupération et pas de vol même si Antoine a écoulé au moins cinquante sacs. Il est relaxé et jure qu’il ne retournera pas de sitôt à la gare de débord.

 

Louis Delallier

 

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