Tatius ou le professeur au nez de fer à Moulins

Tatius* Platowski, qui se présente aussi sous le nom de Tatius Rouet, fait de nombreuses tournées en France à la fin du XIX^e siècle et au tout début du XX^e. Membre honoraire de l’académie des jeux, compositeur « cartomane », ventriloque, joueur de jacquet et d’échecs, il est surtout spécialiste du billard.

Déjà âgé de 80 ans, il fait étape à Moulins le samedi 2 juin 1900 pour une démonstration de son art au café Moret à 20h 30.  

Il s’y produit avec le professeur Georges Max de l’académie de Paris et son élève Mme Liliane Max**. On annonce une soirée unique en son genre comprenant des matchs contre les meilleurs des amateurs, des coups d’une grande fantaisie et surtout le show exceptionnel de Tatius. Son surnom de professeur au nez de fer lui vient de sa technique très personnelle pour jouer au billard. Il utilise son nez pour réaliser des coups de bandes, de massés (boule frappée de haut en bas) et de carambolages (une bille en déplace deux autres). Pour corser l’affaire, il utilise des boulets d’un kg en acier trempé. Il carambole sur le sol, peut faire sauter un boulets à deux mètres de hauteur avec son nez et réalise les coups les plus difficiles ordinairement exécutés avec la queue du billard.

Partout où il passe, l’admiration est au rendez-vous : au casino de Fécamp en juillet 1889, au café de la Poste et au café Raymond à Montluçon en septembre 1892, au café de la Comédie à Montpellier en décembre, à Carcassonne au café Maréal pour les membres de la société vélocipédique en novembre 1893, à Épinal en février 1896, à Troyes en mars suivant (il revient après 15 ans d’absence), à Pau au grand café de la place royale en août 1900, Angers en mars 1901, à Brest au café du commerce en juillet 1901, La Rochelle un mois après devant le cercle des sous-officiers, puis des officiers.

Louis Delallier

*Roi légendaire des Sabins qui parvient à vaincre Romulus pour venger l'enlèvement des Sabines.

**Elle défie des joueurs et joueuses un peu partout en France au moins jusqu’en 1922. On dit d’elle en 1914 qu’elle est la plus prodigieuse billardiste connue. Elle s’exprime dans les colonnes de la Presse sportive (15 janvier 1914) sur sa pratique du billard depuis 15 ans et sur les préjugés rencontrés : jupe entravant les mouvements, esprit trop simpliste pour comprendre toutes les finesses du jeu, etc...