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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Tribunal de simple police en juin 1895 à Moulins

Publié le 10 Juillet 2022 par Louisdelallier in Faits divers

Le défilé des prévenus ces deux samedis de juin 1895, les 8 et 22, au tribunal de simple police présidé par M. Martin, juge de paix, fournit un intéressant échantillonnage des excès, simples écarts de conduite ou non-respect de la réglementation de la part nos prédécesseurs. Les comptes rendus parus dans la presse respectent l’anonymat d’une grande partie d’entre eux. 

Les violences sur autrui y tiennent une place de choix. Sanctionnés par des amendes, leurs auteurs retournent à leur quotidien jusqu’à la fois suivante pour certains d’entre eux.

Madame A., débitante rue Achille-Roche, n’a pas hésité à bousculer et faire tomber une femme venue lui réclamer le paiement de son travail.

Marguerite V. de la rue des Potiers a agressé sa voisine, Madame Gâte.

Ernest J., charcutier, déambulait rue des Ormes sur le coup d’une heure du matin le 13 mai. Il a croisé Claude Faye, chiffonnier. Sans raison connue, il lui a asséné un grand coup de poing en plein figure qui a valu une incapacité de travail de plusieurs jours à sa victime.

Un autre irascible, Antoine M., aidé par l’alcool, s’en est pris à une jeune couturière de 17 ans, Jeanne Gaby, rue du Pont-Ginguet. Il lui a tiré les cheveux et a reçu en retour une gifle qu’il a fait aussitôt suivre d’un coup de poing projetant Jeanne à terre.

Jean C., ivre également, a frappé d’un coup de poing au visage le jeune Lanoue.

Un nommé G. a tabassé sa maîtresse qui lui reprochait un peu trop ses infidélités.

Quant à Louis L., charretier rue du Rivage, un trop plein de boisson l’a conduit à donner coups de pied et de poing aux jeunes Lassimonne et Dodiu sur le pont Régemortes.

Une affaire de violences verbales entre le couple G., Jules et Marie, et Madame L. est bien difficile à démêler. Madame G. qui vendait des bonbons le 19 mai place d’Allier est injuriée par Madame L., laquelle se défend que c’est G. qui l’a insultée et frappée. G. affirme que Mme L. lui a crié « Té ! vois donc l’autre avec son bâtard sur les bras ! ». Il ajoute « M’sieu le juge je ne mange pas de ce pain-là ; j’ai trois petit enfants et je ne fais pas le métier de M… ». Tout cela sent le conflit familial car une troisième personne concernée est présente, mais n’intervient pas. Marie a le même nom de jeune fille qu’elle.

 

Puis sont traitées les infractions réglementaires.

Un garçon boucher a abattu un bœuf en dehors des horaires légaux.

Trois patronnes couturières ont largement contrevenu à l’article 5 de la loi du 2 novembre 1892 qui interdit aux employeurs de faire travailler des femmes pendant plus de six jours par semaine notamment les dimanches et fêtes légales même si ce n’est que pour ranger l’atelier. La première écope de 65 francs d’amende pour 13 contraventions, la deuxième de 80 francs pour 16 contraventions et la troisième de 25 francs pour 5 contraventions. Des habituées !

Trois maraîchères sont condamnées à 1 franc d’amende pour avoir stationné dans les rues interdites aux jardinières. On ne plaisante pas avec la loi.

Quatre femmes de petite vertu récoltent en plus d’une amende d’une journée de prison pour récidive. La cinquième s’en tire avec une simple amende.

Les amendes concernent aussi Georges G. pour ivresse, Marcel O. pour avoir roulé sur le cours du Théâtre en voiture, B. pour fermeture tardive de son débit de boissons de la rue de la Fraternité, Mme veuve B. pour défaut de balayage (rien que ça !) et B. pour allure excessive de son attelage, la veuve M., revenderesse, pour avoir acheté des marchandises au marché avant l’heure réglementaire, Mme T., jardinière, pour avoir stationné avec sa brouette rue d’Alger et messieurs B. et M. d’Avermes pour défaut de lanterne

B. représentant de commerce, absent, est condamné à 11 francs d’amende pour avoir causé un scandale terrible rue de Lyon chez sa femme dont il est séparé.

E., D., G., C., L., D., T. et A., tous âgés d’une vingtaine d’années, doivent s’acquitter d’une amende d’un franc pour tapage nocturne très important rue du Rivage devant un établissement qu’on qualifie de très hospitalier pourtant… dont l’entrée leur avait été refusée.

Méténier, Matras et Aubrun dit Brirot, jeunes bicyclistes s’en revenaient d’une balade quand, rue de Paris à la hauteur du cimetière, Méténier renverse le jardinier du grand séminaire. Malgré ses graves contusions, ce dernier se remettra heureusement bien. Chacun écope d’un franc d’amende pour vitesse exagérée. Un autre franc est demandé à Brirot pour défaut de grelot.

Jeanne Vivier de la rue Louis-Blanc s’est disputée avec sa voisine Mme Pérol au sujet d’une lampe à pétrole. Elle paiera 1 franc d’amende et passera une journée en prison parce que ce n’est pas la première fois qu’elle comparaît devant le tribunal.

 

Louis Delallier

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