1911, de la publicité et des klaxons à Moulins

Jeudi 4 mai 1911 toute la matinée, une vache publicitaire en baudruche* pour un grand fabricant de chocolat** est promenée en ville par quatre hommes coiffés d’un bonnet en coton selon la mode normande. Vers 17 heures, place du Château, le représentant de la marque lance un cerf-volant planeur qui s’écrase sur le sol dès le premier essai, déstabilisé par un fort coup de vent.

Deux jours plus tard, la vache est à nouveau de sortie. Sur la place Cortet, un garçon boucher qui s’y connaît en bovin… décide de lui donner un coup avec le fouet de son attelage. Mais il y va trop fort et la vache se dégonfle tristement jusqu’à devenir un amas de toile. Le représentant de la société décide de porter plainte pour un préjudice estimé à 140 francs.

Mais ce n’est pas la seule bizarrerie de ce début mai à Moulins. Les automobilistes jugés souvent bien imprudents et qui veulent se faire entendre sont amateurs de nouveautés en matière de klaxon. En moins de trois ans, ils sont passés de la trompe à la sirène, puis à un appareil imitant le cor de chasse. Comme ça ne suffisait pas, ils ont adopté une musique à plusieurs notes pour avertir les piétons avec un air wagnérien. Enfin, le bon goût n’ayant pas de limite, la nouvelle trompe à la mode imite de façon surprenante la voix d’un jeune enfant s’écriant « maman, maman ».

Le journaliste du Progrès de l'Allier donnant l’information conclut qu’ainsi on entendra l’enfant avant même qu’il ne soit écrasé…

Louis Delallier

*La baudruche est une pellicule extraite de l'intestin d’animaux

**Il pourrait s’agir du chocolat Vinay au lait de Normandie dont les mérites sont vantés dans grand nombre de journaux de cette époque.