L’armistice est signé depuis moins de deux mois. En attendant leur retour au pays, quatre pilotes américains basés à Issoudun poussent jusqu’à Moulins (à 130 km par la route) aux commandes de leurs avions pour un vol d’entretien.
Le mercredi 1er janvier après-midi, ces experts de l’aviation démontrent leur savoir-faire à coups de loopings et d’acrobaties surprenantes dans le ciel moulinois avant d’atterrir sur l’hippodrome.
Vers 11h 30, le dimanche suivant, les militaires reprennent le ciel vers Issoudun. Un peu avant le décollage, l’un d’eux ressent quelque appréhension sur la fiabilité de son moteur au point de dire « S’il m’arrive quelque chose voici l’adresse de la femme ». Une fois en altitude, les faits lui donnent raison. Petit à petit son moteur perd des boulons et son balancement provoque des éclats dans l’armature de l’appareil.
Il lui faut atterrir de toute urgence. Il opère une descente de 1 000 mètres en vol plané avec l’hippodrome comme piste d’atterrissage à portée d’ailes. Mais, nombre de curieux y sont éparpillés le nez en l’air sans penser à autre chose qu’au spectacle.
Le pilote reprend un peu de hauteur, passe au-dessus de l’Allier et avise un champ près du stand de tir militaire, à gauche de la route de Montilly à la Madeleine. Après avoir évité de justesse des fils télégraphiques, il percute un pommier de taille avantageuse qui précipite sa chute. Les ailes et la queue de l’avion sont repliées dans le choc. Le mécanicien s’extirpe sans difficulté de la carlingue et se met en devoir de dégager son compatriote dont la tête est prise dans des fils d’acier. Ce dernier transporté à l’hôpital n’est que superficiellement blessé. Une doctoresse américaine de la mission antituberculeuse le prend en charge. Les deux hommes rentrent à Issoudun dès le lendemain, par la route.
Malgré une surveillance des débris par des hommes du 36e d’artillerie en garnison à Moulins, l’épave est pillée.
Louis Delallier