Chaveau contre Sainte-Catherine

Le dimanche 28 août 1880 est jour de fête au Carriage* à Moulins. La jeunesse s’y presse dont celle de Sainte-Catherine, quartier voisin en partie situé à Yzeure. On la dit privée de distractions et habituée des soirées dansantes dans les auberges de Chaveau (quartier de la rue de Decize et ses environs). Ces « étrangers » sont très appréciés des jeune filles, ce qui exacerbe l’animosité naturelle, dont personne ne peut expliquer l’origine, entre les bandes de garçons.

Le bal nocturne qui clôt les animations est le cadre d’une bagarre à six de Chaveau contre huit de Sainte-Catherine. Elle a des airs de reprise de l’échauffourée, ancienne d’un an et demi déjà, dont la police ne s’était pas mêlée et qui n’a pas été vraiment réglée. Le sang coule, heureusement sans gravité.

Mais cette fois-là est considérée comme une récidive et, par conséquent, il y aura comparution au tribunal. Le 11 décembre 1880, six membres de chaque clan doivent répondre de leurs actes. L’instruction, menée avec soin, a dédouané deux danseurs de toute responsabilité dans l’affaire. Maîtres Burin-Desroziers pour Chaveau et Robert et Montillier pour Sainte-Catherine plaident qu’il est impossible de déterminer d’où sont partis les coups. Bien qu’une peine de prison soit réclamée, seules deux amendes de 25 francs sont infligées aux deux jeunes gens déclarés meneurs et 10 francs au reste des prévenus. Les condamnés et le public sont satisfaits du jugement rendu le vendredi 17 décembre.

L’histoire se termine par des poignées de main cordiales en attendant la fois prochaine !

Louis Delallier

*Le château du Carriage, rue Émile Guillaumin, est le siège de la chambre de métiers. Voir mon article à son sujet.

D’autres articles sur Chaveau sont disponibles : Drôle de fantôme à Chaveau - La fête du quartier de Chaveau en août 1900 se présentait mal - 3 janvier 1877, un mur de flammes franchi à toute vapeur par un train à Moulins.