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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Les panacées de la Grande pharmacie normale du Bourbonnais à Moulins

Publié le 27 Février 2023 par Louisdelallier in Commerce

Névralgésine Débordes par Eugène Ogé vers 1893

Névralgésine Débordes par Eugène Ogé vers 1893

La grande pharmacie normale du Bourbonnais, à l’angle des rues Gambetta et Paul-Bert (en face des meubles Buvat), a été fondée par Léon Wirion* en 1880. Elle est reprise en 1896 par Auguste Débordes, pharmacien de 1ère classe, diplômé de l’Ecole supérieure de Paris, détenteur d’un diplôme d’honneur et deux médailles d’or aux expositions de 1900 à Paris et de Londres en 1901.

Le Panthéon de l’Industrie lui consacre un long article au 1er janvier 1901. L’officine comprend, en plus du magasin, un laboratoire pour les analyses médicales, industrielles et agricoles, un cabinet d’accessoires et un dépôt d’eaux minérales. Plusieurs employés secondent le patron qui se fait un point d’honneur à ne vendre que des produits sérieux et efficaces y compris pour les animaux.

Comme bon nombre de ses collègues pharmaciens, il conçoit des spécialités qui, après avoir été considérées comme secondaires jusqu’au milieu du XIXe siècle, deviennent la norme en matière de médicaments au début du XXe siècle. Il est le créateur de la Névralgésine Débordes, du Vin de Saint-Gilles, du Dépuratif végétal Saint-Louis et de l’Aveline Débordes.

La Névralgésine composée de plantes guérit névralgies, migraines, maux de dents, oppression des asthmatiques. Elle remplace, enfin, l’Antipyrine à l’action infidèle et dangereuse qui a même donné son nom à une nouvelle affection : l’antipyrisme. Avec la Névralgésine, aucune dépression. Elle ne soigne que les douleurs, est absolument inoffensive et guérit en dix minutes. Un flacon coûte 3 francs. La marque est déposée le 4 juillet 1900, dépôt renouvelé le 11 février 1914 et le 29 février 1928 (Revue d’histoire de la pharmacie, 2012, Cécile Raynal). La formule est publiée dans le guide Rosenwald du 1er janvier 1945 : diméthyloxyquinine, guaranine et punch.

Le Vin de Saint-Gilles est un reconstituant, stimulant et excitant de la nutrition générale. Son emploi est souverain dans l’anémie, la débilité, la chlorose, etc. Il fortifie l’organisme et prévient la plupart des maladies. Quinquina, kola, coca, cacao, écorces d’oranges amères, solution iodotannique, glycérophosphates de chaux, de potasse et de soude et vin généreux de Banyuls entrent dans sa composition. Il est l’agent thérapeutique incomparable et nouveau qui apporte à l’organisme épuisé l’essence même de la vie. Il met merveilleusement en jeu les principes vitaux de la cellule humaine. Grâce à ses précieuses qualités radioactives (!), les globules blancs du sang absorbent l’oxygène et se transforment en globules rouges. C’est un dépuratif pour tous âges. Par la qualité des plantes qui le composent, il doit être placé au premier rang des médicaments réputés comme rénovateurs du sang. Sa réputation est universelle. Le litre est vendu 4,50 francs.

Le Dépuratif végétal Saint-Louis apporte une guérison radicale et certaine de toutes les affections de la peau provenant des vices du sang, comme les dartres, rougeurs, démangeaisons et eczéma.

L’Aveline Débordes, farine alimentaire au phosphate de chaux assimilable, convient admirablement aux enfants au moment du sevrage car elle favorise la dentition et la constitution des tissus osseux. Elle est employée aussi avec succès dans les convalescences longues et difficiles grâce à son pouvoir nutritif et pour prévenir toutes les maladies qui proviennent de l’appauvrissement de l’organisme.

De ces quatre préparations, seule la Névralgésine semble avoir connu une large diffusion. On en trouve la réclame dans la presse locale et nationale dont une affiche colorée d’Eugène Ogé (1861 - 1936), auteur également de publicités pour les renommés Bouillon Maggi, Réglisse Zan, Bec Auer et parfum Gellé frères.

L’annuaire des artistes et de l’enseignement musical du 1er janvier 1905 titre en page 175 : Martyrs, guérissez-vous par la Névralgésine Débordes. Elle est alors approuvée par la société d’hygiène de France. Vingt quatrains suivent cette accroche dont

« Vous qui dans le plaisir placez votre idéal,

Ne rêvez que festins, jeux, carrousel ou bal,

Si vous voulez cueillir la rose sans épine,

Prenez de temps en temps de la Névralgésine. »

« On vante tes bienfaits, calmante antipyrine,

Et je serais ingrat, si je n’en faisais cas,

Mais un pas du progrès appelle un autre pas.

Ton règne expire, grâce à la Névralgésine. »

« La migraine est un tas de bêtes, ça trottine

Dans le cerveau, chacune y choisissant son trou.

Et le propriétaire irait je ne sais où

S’il n’avait à propos de la Névralgésine. »

Louis Delallier

 

*Léon Wirion (1859-1931), licencié ès-sciences, pharmacien de 1ère classe, ex-interne des hôpitaux de Paris, ancien préparateur de chimie organique à l’école supérieure de pharmacie de Paris, membre de plusieurs sociétés savantes, chevalier de la Légion d’honneur.

 

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