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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

L’usine de conserves concurrence les charcutiers

Publié le 4 Août 2024 par Louisdelallier in Commerce

L’usine de conserves concurrence les charcutiers

En cette fin d’année 1904, un changement notoire dans la commercialisation de la viande de porc agite les Moulinois.

A partir du 25 novembre, l’usine de conserves (entre la rue des Conserves*, actuelle rue Léopold Maupas, et le cours de Bercy), ayant obtenu par adjudication le traitement des abats et sous-produits des porcs, met en vente tous les jours dans son magasin de la rue Datas des filets, des pieds, du lard, de la graisse, du boudin et autres cochonnailles. Les ménagères font la queue chaque matin pour bénéficier des prix bon marché. Le bouche-à-oreille fonctionne, car elles sont de plus en plus nombreuses. Les 23 porcs abattus et débités chaque jour à l’usine sont écoulés en quelques heures :

Lard frais 1,20 franc - filet 1,40 franc - foie 0,60 franc - tête de porc 0,45 franc - saucisson ordinaire 2, 40 franc - jambon cru 1,20 franc - le tout au kilo.

Mais les charcutiers ne voient pas cette concurrence d’un bon œil, concurrence qui pourrait bien durer une grande partie de l’hiver. Leur chiffre d’affaires s’en ressent nettement car il leur est impossible d’ajuster leurs tarifs. Leur syndicat prend contact avec la Société des conserves dont le conseil d’administration est ébranlé par leurs arguments. Il se fait un devoir d’examiner à la fois les intérêts des familles ouvrières, ceux des commerçants et ceux de sa propre compagnie. Le mardi 29 novembre, annonce est faite d’un accord avec les charcutiers. Leur proposition consiste dans le rachat de la production quotidienne de l’usine pour la revendre dans leurs boutiques jusqu’au terme de l’adjudication, et ce, aux prix pratiqués dans le magasin de la rue Datas. Ils prendront, en outre, à leur charge les frais d’octroi et de transport de la marchandise. Dès le lendemain, le magasin de l’usine ferme comme convenu. Cet arrangement a également été possible pour éviter des licenciements dans les charcuteries qui constituent un débouché à long terme pour la Société des conserves.

Les clientes réagissent vivement devant le risque de ne pas retrouver les mêmes prix avantageux qui n’auront finalement duré que quelques jours. Elles menacent d’aller manifester devant l’usine. Ce ne sera pas le cas.

 

Louis Delallier

 

*voir mon article à son sujet

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