/image%2F0437758%2F201302%2Fob_f2838f0429959e5acb268806517dd8f7_jmg-0843.JPG)
/image%2F0437758%2F20250209%2Fob_01e901_dupont-ernest-vente-aux-encheres-8.JPG)
Collection personnelle
Une vente aux enchères est annoncée pour le dimanche 13 décembre 1891 à la salle des ventes de maître Alfred Thévenard-Lécuyer, commissaire-priseur, située rue Paul-Bert. Il s’agit de l’atelier d’Ernest Dupont qui comprend du mobilier ancien dont un bureau Louis XIII en bois de rose, des glaces et fauteuils Louis XV et Louis XVI, des commodes et secrétaires Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, garnitures de cheminées anciennes dont l’une de Bernard Palissy, des faïences et porcelaines de Saxe, de Sèvres etc., du mobilier moderne. Une huile sur toile, l’Homme de Platon de Félix Genaille (Grand prix de Rome), est également à vendre. Mais ce sont surtout des tableaux d’Ernest Dupont dont la Dinette et le Printemps, œuvres remarquées à l’Exposition de 1868 et au Salon de 1870, qui suscitent l’intérêt des visiteurs de l’exposition préalable.
Ernest Dupont, avant de se retirer à Fontainebleau, habite en Bourbonnais pour profiter des bienfaits des sources de Vichy espérant ainsi soigner la maladie qui finit par l’emporter au mois de mars précédent la vente à 75 ans dans son domicile parisien. Le journal La Croix de l’Allier le considère comme un des maîtres de l’école contemporaine grâce à la richesse, la fraîcheur et la jeunesse de son coloris, sa palette souple et le renouvellement de ses créations.
Ernest Dupont présente la particularité d’être un peintre amateur. Mis au travail dès l’âge de 14 ans, il achète son propre magasin « Dupont Modes » 2 rue Neuve des Mathurins à Paris dix ans plus tard. Il fait preuve d’intuition dans ce domaine de la mode en vendant aux Parisiennes, en plus des habituels tissus, rubans, dentelles, chapeaux et accessoires, des châles en vogue à cette époque. En juillet 1836, il se rend pour la première fois en Normandie qui le séduit. Il rédige un journal de voyage en anglais agrémenté de croquis. Il peint volontiers pendant ses loisirs. Puis soucieux de se perfectionner, il devient élève de Paul Delaroche et commence sa carrière par des œuvres religieuses et historiques avant de s’inspirer de Greuze. Pendant trente-cinq ans, il envoie des toiles toujours remarquées au Salon et à différentes expositions. Peintre, musicien et auteur de pièces de théâtre, il ne perd toutefois pas de vue ses affaires qu’il développe avec talent. En 1851, il acquiert 13 430 m2 de terrain à Paris entre la porte Dauphine et la porte Maillot où il fait bâtir des maisons avec jardins qu’il vend ou loue. En 1891, il commence la construction pour ses enfants* d’une vaste demeure aux nos 24 et 26 dont il ne verra pas l’achèvement. Encore connu sous le nom de villa Dupont, l’endroit est une voie privée du 16e arrondissement. Y ont habité quelques célébrités comme Sacha Guitry (n° 15), Maurice Maeterlinck (n°5), Pierre Schoendoerffer, Jacques Becker et Édouard Molinaro (n° 22), Henri Rochefort (n° 25) ou encore la Belle Otero (n° 29).
Louis Delallier
*Ernest Dupont se marie avec Agathe Gallois (1821-1847) dont il a quatre enfants Pauline (1842-1901), Émilie (1843-1844), Joseph (1844-1865) et Victorine (1845-1869). Veuf, il épouse Élisabeth Clairet (1826-1913). Trois autres enfants naissent de cette deuxième union : Antoine (1850-1920), Léon (1852-1876) et Louise (1862-1952). Né à Paris 3e le 10 février 1816, Ernest Dupont décède dans le 16e arrondissement au 30 Villa Dupont, le 2 mars 1891.
Son Portrait de fillette tenant un chien est conservé au Bowes museum, comté de Durham en Angleterre. Une autre de ses œuvres, Jeune fille et la pâquerette, serait au musée Mandet à Riom.