Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Vive les PPPPP, Pilules Pink Pour Personnes Pâles !

Publié le 15 Février 2025 par Louisdelallier in Commerce

Pilules Pink - L'Echo de l'Allier 17 juin 1909

Pilules Pink - L'Echo de l'Allier 17 juin 1909

Comme leurs concurrentes Foster, les pilules Pink* sont annoncées comme la panacée contre une longue liste de maux. Elles répandent leurs bienfaits partout si on en croit les recommandations populaires mises en avant dans les journaux nationaux et régionaux. Des portraits des témoins, assortis de leurs problèmes de santé et de leur situation professionnelle, confirment encore l’authenticité des excellents résultats obtenus. Les pilules guérissent anémie, chlorose, faiblesse générale, maux d’estomac, migraines, névralgies, sciatique, rhumatisme, neurasthénie, maladies des femmes, teint blême ou pâle, scrofule, ataxie locomotrice. Elles sont à prendre après chaque repas et sont en vente à prix modique dans toutes les pharmacies. 

Deux Moulinois à la fière moustache ont bien voulu attester publiquement en juin 1909 de leur bien-être retrouvé. Ils sont ainsi mis à l’honneur dans pas moins de trente-deux journaux** dont La Croix de l’Allier et l’Echo de l’Allier. Leurs photographies sont l’œuvre d’Henri Verdeau, photographe à Moulins.

A. Vouyoux, facteur-express, la cinquantaine, 54 rue Gaspard-Roux, souffrait depuis longtemps de digestions longues, pénibles et ne mangeait presque plus. La lecture d’articles sur des cas semblables au sien le convainc d’absorber lui aussi les pilules curatives. Sa vie change alors du tout au tout et très vite. Il digère de mieux en mieux et ses forces reviennent.

Amable Touzin, 14 rue du 4-Septembre, souffrait de faiblesse générale et d’épuisement nerveux au point de ne plus pouvoir assurer correctement ses occupations quotidiennes. Les pilules Pink l’ont sauvé de cette anémie inexorable. 

Un troisième, M. Desarcy, rue de Decize, se fait le porte-parole de sa fille (Courrier de Tlemcen du 1er novembre 1907). Au moment de ses « époques », elle souffrait terriblement. Maux de reins, migraines atroces l’affaiblissaient. Son rétablissement est maintenant complet à la grande surprise du voisinage et des amis. 

D’autres Bourbonnais apportent leur pierre à cet incroyable édifice de santés recouvrées. Petit florilège :

Anna Berthe Gaume, atteinte de chloro-anémie depuis l’âge de seize ans, s’affaiblit, est pâle comme la cire, vomit, s’essouffle, quand sa maman, fabricante d’huiles à Gannat, a la bienheureuse idée de la traiter avec les fameuses pilules.

Le jeune Jean Auguste Labbé, facteur intérimaire à Gannat, déclare avoir bénéficié des conseils de son médecin qui l’a orienté vers ce traitement (Le Courrier de Tlemcen du 27 juin 1902).

Le fils de M. Bayet, instituteur en retraite à Montluçon, rue du Plan-Incliné, est soulagé de ses migraines tenaces (Le Journal du Cher du 27 novembre 1907).

Paul Kléber, cordonnier, résidant avec femme et fille chez Mme Victorine Sancelme, restauratrice, rue Grande à Gannat retrouve toutes ses forces (Le Courrier de la Rochelle du 5 novembre 1908).

Henri Oreille, gérant d’un entrepôt d’eaux minérales à Treignat, ne ressent plus sa grande fatigue, est moins nerveux, a meilleur appétit et digère mieux (Le Courrier de Tlemcen du 1er janvier 1909).

Le Bourguignon du 3 février 1909 rapporte les propos d’une demoiselle, receveuse des Postes au Breuil, Mlle Cogolucques (nom peut-être erroné).

Augustine Dubois de Bézenet, femme de chambre à l’hôtel du PLM à Vichy (Le Petit Journal du 2 décembre 1912), est anémiée, rebutée par la nourriture, migraineuse, éprouve des vertiges. Sa vie reprend des couleurs grâce aux pilules roses.

Ernestine Chenaud, au Bourbon à Trévol, affirme que les pilules Pink ont sauvé son fils de 10 ans dont la santé s’est dégradée après une coqueluche trois ans auparavant. Il est redevenu aussi diable qu’avant ! (Nouvelle Bourgogne du 8 juin 1913)

Auguste Nicot de Commentry (Le Phare de la Loire du 27 mai 1913) a pu venir à bout de douleurs digestives ayant entraîné une insurmontable envie de dormir, une soif ardente, des nausées et des migraines incessantes. Aucun traitement n’en venait à bout et il avait dû abandonner son métier de cordonnier jusqu’à sa guérison quasi miraculeuse.

Maria Péronnet, femme du jardinier du château de Marcellange à Saint-Léon, malgré une nourriture spéciale, des toniques, des fortifiants ne va pas bien, mange juste parce qu’il le faut. Les pilules Pink transforment sa vie (Le Courrier de la Rochelle du 6 avril 1915).

A Braize, Germaine Martinet, 17 ans, et ses deux sœurs, Julie, 24 ans, et Marie, 26 ans, très fatiguées, anémiées dont l’une après quatre grossesses en sept ans, se font envoyer des pilules Pink de Paris et guérissent toutes les trois en même temps (Excelsior du 10 octobre 1917).

Gaspard Brunet, 35 ans, huissier, rue du capitaine-Lafond à Lurcy-Lévis, exprime avec toute son autorité professionnelle avoir été guéri complètement de la maladie causée par l’exercice de son métier en milieu rural qui l’expose aux intempéries (Le Petit Journal illustré du 18 juin 1922).

François Perron, facteur des Postes à Marcillat, bien fatigué par sa marche journalière, redevient un homme gaillard grâce aux pilules (Le Petit Journal du 20 février 1927).

Madame Vidard de Saint-Léopardin-d’Augy au Grand Domaine s’anémie, n’a plus d’appétit, fait des cauchemars, subit toutes les misères possibles avant de faire confiance aux pilules Pink. A la sixième boîte, son état s’améliore notablement (Le Phare de la Loire du 15 octobre 1927).

Le succès du traitement est tel que même Giuseppe Lapponi, médecin personnel du pape Pie, certifie en 1905 utiliser les pilules Pink pour ses patients romains les plus éminents. Une publicité affiche les portraits du Tsar et de la Tsarine dans les années 1900, sorte de garants des bénéfices apportés par les PPPPP ! Cette allitération semble avoir séduit aussi le monde des écrivains. Jules Renard dans son Journal, Thomas Mann dans La Mort à Venise, les dadaïstes ou surréalistes Tristan Tzara, Francis Picabia et Marcel Duchamp les citent volontiers. 

 

Louis Delallier

 

*Pilules à base de fer d’où leur couleur. Brevetées au Canada en 1886 par le docteur William Frederick Jackson à Brockville, elles bénéficient des connaissances dans le domaine commercial de Georges Taylor Fulford dont le frère est pharmacien. Il achète les droits en 1890 pour 100 dollars et fonde la Dr Williams Medicine Company, filiale de sa compagnie G. T. Fulford and Company. Il n’hésite pas à user de propagande, quitte à exagérer en parlant parfois de guérisons miraculeuses. La machine à vendre est lancée. Les pilules arrivent sur le marché français en 1893 et sont encore vendues à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

** En plus de la Croix de l'Allier et de l'Echo de l'Allier, ce sont Le Courrier de Tlemcen/Le Petit Parisien/L’Echo nogentais/Le Petit Bourguignon/Le Petit Journal/Le Figaro/La Croix de Saintonge et d’Aunis/Le Petit Courrier/La Lanterne/La République des Charentes/Journal de Montélimar/La Liberté/Le Petit Marseillais/Le Gaulois/Le Bien du peuple de Dijon/La Croix/La Petit République/La Libre Parole/L’Aurore/Le Journal/Le Journal du Cher/Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne/La Dépêche de Toulouse/Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire/La Gazette de Château-Gontier/Le Petit Provençal/L’Avenir de la Mayenne/Le Petit Troyen/La Gironde/L’Echo de Paris.

 

Commenter cet article