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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

La bonneterie Grey à Moulins

Publié le 27 Avril 2025 par Louisdelallier in Commerce

Le Progrès de l'Allier du 18 décembre 1919

Le Progrès de l'Allier du 18 décembre 1919

En 1926, pas moins de cinquante-deux personnes (quarante-trois femmes et neuf hommes âgés de 14 à 60 ans) travaillent pour la bonneterie* Grey dirigée par Alcide François dont l’épouse, Julia, est à la tête des ateliers.

L’acquisition des locaux situés 11 rue Delorme (actuels n° 17 et 19), proche de l’église Saint-Pierre, est effectuée fin mai 1918 par Maurice Grey, industriel de Dijon, à Anaïs Lecrocq, veuve Chatanay, directrice de pension. Elle avait succédé à sa mère, Aimée Lecrocq, décédée en janvier 1915, à la tête de l’établissement Place (transféré fin 1907 par Aimée Lecrocq de la rue de Lyon, à quelques dizaines de mètres de là, à la rue Delorme).

Le corps de bâtiment principal sur la rue comprend un rez-de-chaussée, un premier étage et un second étage sur une partie, une cave, un grenier, un deuxième bâtiment en L, un préau, une cour et un jardin, le tout sur environ 1 500 mètres carrés.

La bonne nouvelle de cette implantation paraît dans le Courrier de l’Allier du 13 juin 1918. La bonneterie Grey est présentée comme chassée de Saint-Quentin dans l’Oise (qui se trouve alors dans une zone fortement éprouvée par la guerre). L’origine dijonnaise de Maurice Grey, déjà propriétaire d’une manufacture du même type, contredit cette affirmation même si Alcide et Julia François, les dirigeants (présents en 1921, 1926 et 1931), ainsi que les Trépagne, employés, (1921 et 1926) sont nés dans la Somme. 

Les offres d’emploi se succèdent dans la presse au fil des années.

On recherche : des jeunes gens de 16 à 18 ans pour métiers à bonneterie, travail facile, gagnant tout de suite - coupeurs pour tissus en bonneterie, situation stable - une contremaîtresse en confection et susceptible de tenir les écritures - des apprenties confectionneuses - une bonne ou une femme de ménage pour toute la journée - bon mécanicien de précision, muni de bonnes références, bons appointements - deux bonnes couturières, bons appointements - couturières apprenties, petites mains - apprenties pour tricoteuses - jeune fille de 18 à 25 ans pour la manutention, bonne écriture et au courant de la confection - coupeuse de confection, travail assuré, bons appointements, aptitudes exigées, - dame avec aptitude pour direction atelier de confection, très bons appointements - débutant sortant d’école pour magasin et travail de bureau - ouvrières confectionneuses et repasseuses - employé de magasin libéré du service militaire - commis de 15 à 17 ans - homme de peine sérieux, muni de bonnes références, place stable.

Certains de ces travaux peuvent s’exécuter à domicile. La fin de l’année 1934 sonne aussi la fin de l’activité Grey à Moulins. Une petite annonce du 7 décembre 1934 ne laisse aucun doute. Un grand immeuble industriel, siège d’une usine de bonneterie, est à vendre 11 rue Delorme. Il conviendrait pour une pension, clinique, commerce de gros, etc. L’encart est jumelé à une autre vente, celle d’une petite maison d’habitation (deux pièces en rez-de-chaussée et dépendances) 99 rue du Jeu-de-Paume. En 1926, elle était louée à François Waquier, bonnetier et sa femme Céleste. Les offres sont à faire auprès de Maurice Grey à Dijon.

La bonneterie Ravail lui succède. Elle figure bien dans l’annuaire de l’Allier de 1937 au 11 rue Delorme. C’est une maison moulinoise déjà ancienne (au moins depuis 1910) qui a occupé plusieurs emplacements en ville dont la rue de Pont (où son magasin de vêtements pour homme existait encore en 1986), la place Wagram, la rue Pasteur et les rues Paul-Bert/de la Batterie où fonctionnait son « usine électrique ».

 

Louis Delallier

 

*Bonneterie : fabrication, commerce, lieu de fabrication ou de vente d’articles d'habillement en maille, et tout particulièrement chaussettes, bas et lingerie. Ils sont en laine, coton, fil ou en soie, fabriqués à la main ou à la machine sous forme de jersey. La bonneterie Grey n’est, en 1884, qu'un modeste atelier avec cinq machines. Elle doit son succès au développement des sports auxquels elle fournit des vêtements de laine d’une inimitable souplesse. Elle comptera jusqu’à 600 ouvrières dont une partie à domicile. A la fin du XIXe siècle, ces femmes s’associent aux divers mouvements de revendications contre le harcèlement, pour de meilleurs salaires, pour le droit des femmes enceintes à s’asseoir, pour la fin des discriminations et contre les conditions infâmes imposées aux travailleuses. En 1898, 200 ouvrières de la bonneterie réclament «des hausses de salaires, la suppression des amendes abusives, la diminution de la journée de travail, de l’eau à discrétion et le remplacement des commis surveillants par des femmes». À la fin du 19e siècle, dans les manufactures de tabac et d’allumettes de Dijon, Marseille et Bordeaux, des grèves se succèdent, s’alimentant les unes les autres, contre les vexations subies par les femmes (cf. La Fronde du 27 mars 1898 sur le site Retronews de la BNF). La bonneterie Grey dijonnaise cesse ses activités après la Seconde Guerre mondiale

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