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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Une bande de chapardeurs d’une grande jeunesse

Publié le 2 Novembre 2025 par Louisdelallier in Faits divers

Maison Vélard, rue d'Allier

Maison Vélard, rue d'Allier

En ce mois de mars 1907, la police s’intéresse de près à une bande de chapardeurs qui sévit en ville depuis le mois de janvier. Les magasins et leurs étalages extérieurs ne résistent pas à leur convoitise et à leur dextérité. Quotidiennement, ils attrapent tout ce qu’ils peuvent et se sauvent avec vélocité. Deux méthodes sont repérées : vols sur les étals ou à l’entrée des boutiques par surprise. Une enquête méthodique permet de les identifier avec certitude. Compte tenu de leur jeune âge, on se contente d’un sermon bien senti destiné à les remettre sur le droit chemin de l’honnêteté.

Peu de temps après ce sermon bien inutile, les vols reprennent de plus belle. Les plaintes affluent, qu’elles soient d’épiciers, de charcutiers, de primeurs qui voient disparaître boîtes de sardines, harengs saurs, oranges, saucissons, jambons, gâteaux. Toutes les charcuteries sont concernées. La pâtisserie Vélard, rue d’Allier, subit six fois des larcins. M. Mayol, marchand de primeurs et de marée rue de la Flèche, fait partie des victimes à plusieurs reprises. Il ne revient pas de leur adresse car lui-même et, pourtant muni d’une épuisette, ne prend pas du premier coup les poissons dans son aquarium.

On apprend que D., capable de plonger la main dans l’eau et d’en sortir une carpe sans s’arrêter, en a attrapé quatorze. La bande formée de huit garçons était dirigée par Léon C., 15 ans, avec comme adjoints B., J. et D., l’expert de la pêche.

Le 13 mars, toute la petite troupe, arrivée avec les mamans, est conduite devant le procureur de la République. Le jour de l’audience, le vendredi 19 avril, seuls trois témoins déposent : le commissaire de police et les deux agents qui ont entendu les vingt-six négociants ayant subi un préjudice. Au tribunal, ils ne sont que cinq sur les six convoqués. L’un d’eux s’est évaporé ! tous ont perdu leur assurance et gardent la tête baissée. Les agents André et Mercier en font pleurer plusieurs simplement à la narration des faits reprochés. C’est l’absent qui s’est fait prendre chez un marchand de primeurs et qui a déballé toute l’histoire.

Léon C. se présente comme imprimeur, qui a peu imprimé. Il est l’auteur de vingt-trois des vols sur la quarantaine constatée. Il explique qu’ils entraient dans un magasin où ils volaient tout ce qui leur tombait sous la main pendant que l’un d’entre eux occupait le ou la vendeuse avec un achat modique.

Gabriel T, 11 ans, ne va à l’école qu’une fois par mois parce que mal surveillé. Il est le plus jeune et pas le moins efficace.

Vincent B., 13 ans, employé de magasin, est le fils d’un employé d’administration à Moulins. Son péché mignon étant les pastilles de Vichy, il en volait de pleines boîtes chez M. Paray, épicier rue de Bourgogne.

Louis D., 12 ans, vit avec une mère malade et un père qui part travailler à 5 heures pour ne rentrer qu’à 19 heures. Pour occuper ce temps libre, il a rejoint la bande et participé à cinq actions.

Claude D., 13 ans et seize vols à son actif, travaillerait avec des maçons.

Les parents sont interrogés. Ils gagnent leur vie modestement et seulement le tort de ne pas avoir su ou pu préserver leurs enfants de la délinquance. Ils s’engagent à reprendre leur progéniture en main aussitôt sortis du tribunal.

Le substitut Dormand se montre modéré dans ses réquisitions. Les avocats de la défense, maîtres Monicat, Blanc et Kontercroub, avancent que ces délits surtout dictés par la gourmandise ne méritent pas l’emprisonnement toujours délétère et que cette expérience de la justice leur sera bénéfique.

Il est considéré que, bien que responsables des actes commis, les jeunes prévenus ont agi sans discernement. L’acquittement leur est accordé. Ils repartent avec leurs parents condamnés aux dépens.

 

Louis Delallier

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